L’intégration des drones dans le trafic aérien est l’un des enjeux pour les prochaines années. A l’image des autorités comme la FAA, l’EASA ou des industriels comme Thales, l’Onera s’est saisi du sujet avec le projet LLRTM (Low Level RPAS Traffic Management) lancé en 2015 avec un consortium de partenaires. C’est dans ce cadre, et avec l’appui de l’armée de l’Air, que le laboratoire de recherche aéronautique a mené une expérimentation sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, le 6 décembre. Les premiers résultats ont été communiqués le 3 janvier.
Il y a donc un mois, un Jodel D-140R de l’Escadron d’instruction au vol à voile (EIVV) « Chambord » de l’armée de l’Air s’est envolé de la base provençale, accompagné d’un drone multi rotor mis en oeuvre par la start-up Atechsys, membre du consortium LLRTM. L’avion était équipé d’un système de prévention des collisions aériennes pour les aéronefs légers FLARM (équivalent au TCAS de l’aviation commerciale), breveté par l’Onera en 1998. De son côté, le drone était doté d’un dispositif d’identification miniaturisé. Ces deux outils interopérables constituent la base du système LLRTM pour permettre le maintien de la séparation et l’évitement de la collision.
Le Jodel a enchaîné « plus de quarante passages à proximité d’un drone opérant à basse hauteur, en combinant des altitudes relatives, des vitesses et des angles de présentation divers », selon le communiqué de l’Onera. Plusieurs scénarios et plusieurs configurations ont ainsi pu être étudiés afin de tester le système de gestion de trafic et la résolution de conflits. Dans cette expérimentation, il faut signaler que les deux appareils étaient coopératifs. Le pilote, le télépilote et le contrôleur aérien ont ainsi collaboré.
Essais concluants
L’expérience a été une réussite pour les participants. Claude Le Tallec, expert transport aérien personnel à l’Onera, a déclaré que « cette expérimentation valide le principe du système LLRTM, qui permet d’assurer la sécurité en cas de conflits entre drones et avions légers ». Il est rejoint par Patrick Le Blaye, ingénieur de recherche : « Les alertes de conflits et l’aide apportée pour la réalisation des manoeuvres d’évitement se sont avérées efficaces dans ces conditions de vol réalistes. » L’architecture du système LLRTM a ainsi pu être validée, tout comme la conception de l’interface homme-machine (IHM) et les préférences utilisateurs.
Une nouvelle série d’essais est d’ores et déjà prévue, en partenariat avec DPDgroup (filiale de La Poste), spécialiste de la livraison de colis. L’objectif sera de tester des situations opérationnelles au-delà de la portée visuelle (très contraintes et qui nécessitent souvent des autorisations spécifiques de la DGAC). Ces expérimentations se dérouleront sur la ligne de transport de colis, ouverte par DPDgroup dans le Var il y a un an.
Le projet LLRTM se rapprochera alors de son terme, prévu cette année après trois ans de recherche. Outre le segment air, avec les dispositifs collaboratifs embarqués, il comprend un segment sol pour permettre l’identification et la localisation des drones et du trafic environnant, notamment non coopératifs, dans l’espace aérien de classe E et G (non contrôlé, en dessous de 500 pieds). En sus d’Atechsys et de l’Onera, Geopost et la DSNA participent au consortium, avec le soutien financier de la région PACA et de Bpifrance.