Imothep n’est pas un vizir égyptien, ni un rappeur marseillais ou encore moins une réplique d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Derrière cet acronyme – dont l’orthographe diffère légèrement de son inspiration antique – se cache le projet « Étude et maturation des technologies de propulsion électrique hybride » pour l’aviation commerciale, mené par l’Onera au sein d’un consortium de 33 partenaires. Celui-ci vient officiellement d’être lancé le 20 janvier après sa sélection par la Commission européen dans le cadre d’Horizon 2020.
L’objectif d’Imothep est d’étudier la possibilité d’utiliser la propulsion hybride électrique pour un avion régional ou moyen-courrier, d’évaluer son impact potentiel et de tracer une feuille de route pour une implémentation à grande échelle. Les acteurs du projet travailleront sur les différentes technologies nécessaires à la création d’une chaîne de production et de distribution hybride électrique complète à bord. L’objectif est ensuite d’amener ces technologies identifiées d’un TRL 1 à 4 (niveaux de maturité), afin d’ouvrir la porte d’ici 2035 à l’élaboration de nouvelles configurations à même de réduire l’impact environnemental et d’arriver à une croissance neutre en carbone du transport aérien.
Ce travail de recherche sur l’hybride électrique « sera réalisé en relation étroite avec le système de propulsion et l’architecture de l’avion » selon les termes d’Horizon 2020. Les acteurs du consortium devraient ainsi partir de configurations avions pour définir l’ensemble des performances nécessaires au système, et donc l’architecture et le dimensionnement les mieux adaptés. Ce cheminement passera naturellement par une réflexion pour déterminer les moyens de propulsion idoines. D’où la présence dans le consortium de constructeurs comme Airbus et Leonardo, et de nombreux motoristes tels que Safran Aircraft Engines, GE Avio, MTU et d’autres.
L’intégration d’une chaîne de propulsion hybride électrique sur un avion commercial de type régional ou moyen-courrier nécessitera de sortir des architectures conventionnelles. Imothep devrait ainsi aboutir à la définition de configurations avion et moteur en rupture. La propulsion distribuée tout au long de la voilure apparaît comme l’une des pistes les plus évidentes aujourd’hui, mais d’autres options pourraient émerger.
L’expérience de l’Onera dans la recherche sur les nouvelles configurations avion-motorisation a fait de l’organisme français un candidat naturel à la direction d’Imothep. L’Office pourra ainsi s’appuyer sur les études faites sur la propulsion distribuée électrique et hybride électrique, respectivement dans le cadre des projets Ampere lancé en 2017 et Dragon l’an dernier.
Le reste des membres est essentiellement constitué d’organismes de recherche aéronautique, dont l’association européenne EREA, le DLR allemand, le NLR néerlandais, et d’établissements universitaires comme l’ISAE-Supaéro ou l’université de Nottingham. A la faveur d’un partenariat avec la Russie, cinq organisations locales de recherche y participent, à commencer par le prestigieux Institut central d’aérohydrodynamique (TsAGI).
Le projet se déroulera jusqu’à fin 2023. Le consortium Imothep dispose jusqu’à cette date d’un budget de 18,2 millions d’euros, dont 10,4 millions accordés par la Commission européenne sur les fonds d’Horizon 2020. L’Onera et le DLR seront les principaux bénéficiaires de ces crédits institutionnels avec respectivement 1,6 million et 1,3 million d’euros.
Imothep sera mené de front avec un autre projet au sein du thème Future propulsion et intégration : vers un avion hybride/électrique d’Horizon 2020. FUTPRINT50, ou « Future propulsion et intégration : vers un avion régional hybride électrique de 50 places », poursuivra un but similaire mais adapté à un appareil régional.