Plus de quarante ans après son entrée en service, le Mi-26 s’offre un nouveau lifting pour les besoins du ministère de la Défense russe. Russian Helicopters vient ainsi d’annoncer l’achèvement, avec succès, de la campagne d’essais en vol préliminaires d’une nouvelle version de son hélicoptère de transport lourd. Baptisée Mi-26T2V, elle intègre principalement une nouvelle suite avionique afin de renforcer ses qualités de pilotage et ses capacités d’opérations tout-temps.
Le Mi-26T2V a volé pour la première fois en août 2018, depuis le centre d’essais en vol de Rostvertol (une des compagnies du consortium Russian Helicopters) à Rostov-sur-le-Don. Il a ensuite pris la direction de Moscou par ses propres moyens. Après une apparition au salon Army (21-26 août), il a pris ses quartiers les installations de Mil, où s’est déroulée la campagne d’essais en vol préliminaires.
L’appareil est désormais en cours de conditionnement pour son transfert vers les équipes du ministère de la Défense russe. Son développement devrait se poursuivre à travers des essais communs entre Russian Helicopters et les militaires. Aucune date n’a été précisée quant à la suite du programme, ni la mise en service.
Evolutions de l’avionique
Le Mi-26T2V se distingue par une nouvelle avionique intégrée NPK90-2V avec un système de gestion de vol numérique, un pilote automatique capable de suivre le plan de vol, d’effectuer des manoeuvres d’approche et d’atterrissage et de retourner sur un autre terrain, ou encore des écrans multifonctions LCD.
Si le pas du « tout écran » avait déjà été franchi avec le Mi-26T2, entré en service en 2015, cette évolution doit permettre de faciliter le pilotage de ce gigantesque hélicoptère et de réduire la charge de travail de l’équipage. La planche de bord a aussi été adaptée par rapport au T2 pour pouvoir utiliser des jumelles de vision nocturne (JVN).
L’appareil intègre aussi des nouveaux systèmes de navigation et de communication par satellite. Sur le plan purement militaire, il dispose désormais du système de défense électronique Vitebsk, capable de détecter et contrer les missiles à guidage électromagnétique et infrarouge. Enfin des sièges à absorption d’énergie ont été installés dans le cockpit.
Une nouvelle motorisation pourrait aussi arriver dans les prochaines années, avec l’intégration des turbines PD-12V actuellement développées par Aviadvigatel (United Engine Corporation) à partir du générateur de gaz du moteur PD-14 (qui doit équiper l’avion commercial MC-21). Elles remplaceraient alors les D-136, fabriquées par Motor Sich en Ukraine. Russian Helicopters envisagerait des essais en vol en 2023.
Aperçu de la capacité d’emport d’un Mi-26 © Russian Helicopters
Besoins étatiques russes
Russian Helicopters entend ainsi répondre aux exigences posées par Moscou lors du lancement du programme en 2016. Le ministère de la Défense russe souhaitait ainsi un hélicoptère de transport lourd capable d’opérer « dans des régions qui présentent des conditions physiques et géographiques complexes et des conditions climatiques défavorables, à tout moment de la journée, sur des routes équipées ou non, sur des terrains sans relief, sous le feu et les contre-mesures électroniques de l’ennemi ».
L’acquisition de Mi-26T2V pourrait ainsi être inscrite au programme d’armement russe 2018-2027, selon Anatoly Serdyukov, directeur industriel du cluster aéronautique de la société d’Etat Rostec (dont fait partie Russian Helicopters), bien qu’aucune cible n’ait été communiquée. L’appareil pourrait aussi être proposé à l’export.
Pour rappel, avec une masse maximale au décollage de 56 tonnes, deux turbines qui génèrent une puissance totale de près de 23 000 chevaux sur arbre (SHP), et une capacité d’emport allant jusqu’à 20 tonnes ou 82 passagers, le Mi-26 est l’hélicoptère le plus lourd et le plus puissant du monde.