Après l’acquisition d’Honeywell par UTC, c’est au tour de Northrop Grumman de mettre la main sur Orbital ATK. Annoncée ce week-end par la presse américaine, l’information a été confirmée par un communiqué de presse le 18 septembre. Le phénomène de concentration continue donc dans l’industrie aéronautique, et force est de constater que les acteurs américains accélèrent le mouvement.
Northrop Grumman a négocié l’achat d’Orbital ATK pour un montant de 7,8 Md$ en numéraire, ainsi qu’une prise en charge de sa dette à hauteur de 1,4 Md$. Les actionnaires recevront ainsi une rémunération de 134,5 dollars par action. Le cours de celle-ci a d’ailleurs bondi de 20 % à l’ouverture du New York Stock Exchange (NYSE), pour atteindre près de 132 $.
Cet accord a été approuvé à l’unanimité par les conseils d’administration des deux sociétés. Les actionnaires d’Orbital ATK devront également le valider. Et comme pour toutes opérations de ce type, ce rapprochement est soumis à l’approbation des autorités de la concurrence. La transaction doit être finalisée au premier semestre 2018.
Wes Bush, P-DG de Northrop Grumman, présente les deux entreprises comme disposant « de portefeuilles complémentaires et d’une culture de la technologie ». Ce rapprochement doit ainsi renforcer les capacités d’innovation de chacun. Il faut dire qu’Orbital ATK dispose d’une offre équilibrée entre ses divisions systèmes de vol (aérostructures, lanceurs, systèmes de propulsion), systèmes de défense (missiles, armements, munitions, électronique de défense) et les systèmes spatiaux (satellites, composants, services).
Pour Orbital ATK, c’est aussi le moyen d’atteindre une taille critique devenue incontournable pour exister dans les compétitions actuelles, comme le reconnaît David Thompson, son P-DG : « L’alignement unique en terme de culture et de missions offert par cette transaction va nous permettre de maintenir une performance opérationnelle forte sur les programmes existants, tout en poursuivant de nouvelles opportunités qui requièrent les ressources techniques et financières étendues d’une plus grande organisation. »
Le futur ensemble entend bien améliorer ses capacités et sa compétitivité sur les programmes spatiaux civils et militaires. Orbital ATK amènera son savoir-faire sur les lanceurs, les systèmes de propulsion et les petits satellites, tandis que Northrop Grumman dispose déjà d’une expertise sur les gros satellites. Les missiles et les munitions de précision seront aussi au coeur de la coopération. Northrop Grumman veut aussi pouvoir se repositionner sur de futurs programmes de grands lanceurs spatiaux, de systèmes d’armement et d’entretien de satellites.
A n’en pas douter, la motivation est aussi financière avec des synergies conséquentes, pour générer de nouveaux revenus comme des économies. Nothrop Grumman espère une croissance des revenus dès la première année complète suivant l’intégration d’ATK. Celle-ci devrait néanmoins être modérée dans un premier temps.
Le nouvel ensemble prévoit de générer un chiffre d’affaires de l’ordre de 29,5 à 30 Md$ sur cette première année complète. C’est un montant sensiblement équivalent aux prévisions déjà faites par chacun pour 2017 : Northrop Grumman escomptait réaliser seul 25 Md$ de revenus, tandis qu’Orbital ATK tablait sur 4,6 Md$. Les synergies doivent aussi permettre de réduire de 150 M$ les coûts annuels avant impôts, d’ici 2020.
Avec cette opération, Northrop Grumman entend bien revenir à hauteur des deux grands groupes d’aéronautique-défense américains, à savoir Boeing et Lockheed Martin.