Entré en service il y a 6 ans, le Sukhoi Superjet 100 commence à accumuler des chiffres d’exploitation significatifs. C’est aussi le cas de son moteur, le SaM146 de PowerJet (coentreprise entre NPO Saturn et Safran Aircraft Engines). Marc Sorel, P-DG du motoriste franco-russe, dresse un bilan relativement positif de ces premières années.
« Cela se passe plutôt bien, annonce-t-il sans attendre. Il y a de plus en plus d’avions en service au sein des compagnies. Aujourd’hui, quinze opérateurs exploitent une centaine de Superjet. Fin mai, la flotte avait dépassé les 600 000 heures de vol et réalisé plus de 400 000 cycles. » Marc Sorel note surtout l’accélération connue par le programme en 2016. La flotte de SuperJet a ainsi doublé son nombre d’heures de vol en une seule année, en passant d’un total de 250 000 heures, en quasiment cinq ans de service, à 500 000 heures.
Le patron de PowerJet salue également le fait d’avoir désormais des références européennes avec CityJet, mais aussi avec Brussels Airlines. La compagnie belge opère trois des appareils de son homologue irlandaise pendant la saison d’été. Et il a fallu pour cela obtenir le blanc-seing de sa maison-mère : « C’est Lufthansa qui fait l’audit d’acceptation et la validation », se félicite Marc Sorel. Et l’avion semble répondre aux exigences élevées d’exploitation de la compagnie avec sept à huit vols quotidiens d’une heure environ. Un rythme supérieur à celui déjà intensif imposé par Interjet au Mexique, avec six à sept rotations par jour.
Montée en cadence et en maturité
De son côté, PowerJet continue sa montée en cadence. Plus de 70 moteurs vont être livrés cette année, sans compter les moteurs de rechange et de location qui feront avoisiner le total des 80 unités. Cette barre sera franchie en 2018. Marc Sorel semble satisfait de cette performance : « Nous avons atteint le trajet fixé par Sukhoi. »
Le P-DG reste néanmoins conscient du chemin qu’il reste à parcourir : « Le SaM146 se comporte bien, mais il faut dix ans pour atteindre la maturité d’un moteur. Nous sommes à mi-chemin. Nous avons établi un ensemble de points d’amélioration, ce qui est normal pour un nouveau moteur. Nous avons appliqué un certain nombre de bulletins de service (SB), mais aucune consigne de navigabilité (AD). Nous sommes plutôt satisfaits. »
PowerJet a ainsi réalisé des améliorations sur le réservoir récupérateur d’huile, sur le panneau acoustique (pour répondre aux exigences de l’Easa) ou encore sur les injecteurs de la chambre de combustion. La plupart de ces modifications ont été faites sans dépose moteurs. Seules les interventions au niveau de la chambre de combustion nécessitent d’être coordonnées avec une visite en atelier. Dans ce cas, PowerJet met un moteur de remplacement à disposition.
L’enjeu du soutien
Marc Sorel en profite pour saluer l’efficacité du réseau de soutien : « Il y a un très bon niveau de satisfaction pour le soutien de l’ensemble propulsif, avec notre offre PowerLife. Nous bénéficions de l’expérience du soutien de CFM sur lequel nous avons calqué notre modèle. » PowerJet et CFM International mutualisent d’ailleurs leurs moyens et partagent ainsi le même centre d’appel. » Il loue aussi la coopération avec Sukhoi : « Nous travaillons main dans la main avec l’avionneur. » Il faut dire que celui-ci a fait d’importants progrès en la matière après des débuts difficiles.
Preuve de la fiabilité du moteur et du réseau de soutien, le SaM146 affiche un taux de disponibilité de 99,9 %. Pour l’ensemble propulsif, qui comprend aussi la nacelle, ce nombre est de 99,86 %. Des performances qui réjouissent Marc Sorel : « C’est le même niveau qu’un CFM ».
Ces bonnes performances pourraient doper quelque peu les ventes, qui peinent toujours à décoller. Marc Sorel estime ainsi que si le SuperJet gagne en maturité, c’est essentiellement sur le support qu’il sera jugé : « C’est un élément clef dans la promotion. D’autant que les premières grandes visites vont arriver après six ou sept ans d’exploitation. »
Le salon moscovite de MAKS (du 18 au 23 juillet) devrait donner quelques éléments de réponse. Sukhoi conserverait ainsi des annonces spécialement pour cette occasion. Des commandes y seront dévoilées ainsi qu’un nouvel opérateur. Des compagnies déjà clientes envisagent aussi d’agrandir leurs flottes, comme Yakoutia ou encore Yamal, qui va passer de huit à vingt appareils via un contrat de location avec la State Transport Leasing Company (STLC).