Bombardier ne s’attendait sûrement pas à ce que son avion d’affaires Global Express (modernisé sous le nom Global 6000) connaisse une si belle carrière… militaire. Après le Sentinel R1 de Raytheon, ou l’E-11A de Northrop Grumman, c’est au tour de Saab de se réapproprier la plateforme du constructeur canadien pour en faire un avion d’alerte aérienne avancée et contrôle (AEW&C), capable de réaliser aussi des missions de surveillance maritime et terrestre. Baptisé GlobalEye, il a été présenté le 23 février dans les installations de l’industriel suédois à Linköping.
Cet événement marque le début d’une série d’essais conséquente qui doit conduire au premier vol. Il faut dire que celui-ci n’a plus grand chose à voir avec un Global 6000. La modification la plus évidente est l’ajout d’un radar de surveillance aérienne Erieye ER (voir encadré), mais également d’un radar de surveillance maritime Leonardo Seaspray 7500E en bande X, d’une boule optronique dotée d’une voie infrarouge, de systèmes de renseignement d’origine électromagnétique ESM/ELINT, ou encore de systèmes d’identification IFF, ADS-B et AIS. La voilure a dû aussi être modifiée pour intégrer des systèmes d’auto-protection, tout comme le cockpit ou encore le système électrique de l’avion.
Mats Wicksell, directeur de l’Intégration des systèmes majeurs au sein de la division Surveillance de Saab, affirme que tous ces nouveaux systèmes et sous-systèmes ont d’ores et déjà été intégrés et testés. Le travail des prochains mois va donc davantage porter sur l’avion à proprement parler.
Saab devrait ainsi débuter prochainement les essais de roulage, afin de préparer le premier vol. La date de celui-ci n’a pas encore été communiquée. Elle dépendra vraisemblablement des premiers résultats au sol – comme le comportement de l’avion face à un vent de travers par exemple. Toute la première partie des essais en vol sera également consacrée à l’ouverture du domaine de vol, largement affecté par toutes ces modifications, ainsi qu’aux essais des systèmes de l’avion. Il sera alors temps de passer à la qualification en vol des différents systèmes de missions.
Mats Wicksell précise néanmoins que la configuration de l’appareil est désormais figée et ne bougera pas d’ici son entrée en service. A ce propos, Saab conserve aussi le silence sur la date de la première livraison.
Ce premier appareil arborait déjà les couleurs des forces aériennes des Emirats Arabes Unis (EAU). Il s’agit en effet du client de lancement de l’appareil. Trois avions ont ainsi été commandés en 2015, et Saab a déjà réceptionné les deux suivants qui sont actuellement en cours de transformation.
Lars Tossman, directeur des Systèmes de surveillance aéroportés, évoque des discussions pour le GlobalEye en Asie et en Amérique Latine, sans pour autant avancer le nom d’un pays. Il évoque aussi des intérêts en Europe et au Canada, notamment dans le cadre du renouvellement de la flotte de surveillance de l’Otan.
Il rappelle néanmoins qu’il s’agit de négociations à long-terme – les premières discussions autour du GlobalEye avec les EAU ont débuté il y a une dizaine d’années, avec l’adoption du Saab 340 comme solution intérimaire. Une fois un contrat finalisé, il estime qu’il a besoin de trente-six mois pour livrer l’appareil.
Saab a d’ailleurs déjà commencé à discuter des modalités avec Bombardier pour prélever des avions sur sa chaîne de production, en vue de futures commandes. Compte tenu de ces différents paramètres, il pense pouvoir livrer deux à trois GlobalEye par an.