Alors que s’ouvrira le salon Aero India 2019 le 20 février, les industriels français multiplient les annonces sur le renforcement de leur présence en Inde. C’est le cas de Thales et Safran, deux des trois membres du GIE Rafale International avec Dassault Aviation, alors que la livraison des premiers exemplaires de l’avion de combat à l’Indian Air Force (IAF) est prévue cette année. Le 18 février, les deux groupes ont ainsi annoncé l’ouverture de deux nouveaux sites, à Bangalore (État de Karnataka) et Hyderabad (État de Télangana), les deux principaux centres aéronautiques du pays.
Thales va ainsi inaugurer le 22 février, en plein milieu du salon, un Centre de compétences Ingénierie à Bangalore, qu’il qualifie de « premier du genre en Inde ». Il sera consacré à la R&D autour d’activités logicielles à forte valeur ajoutée, tant civiles que militaires. Les produits qui y seront développés seront ensuite destinés à alimenter les différents marchés en Inde et à travers le monde.
Le groupe français évoque ainsi dans un premier temps des travaux autour de la gestion du trafic aérien (ATM), de l’avionique, des cockpits, de la gestion des vols, du multimédia de bord et de la connectivité (IFEC), des logiciels radars, des systèmes ISR embarqués de gestion tactique. Le centre se développera ensuite vers d’autres domaines comme les systèmes de radiofréquence pour les radars et les communications, les unités de traitement haute performance et les fonctions de traitement numérique embarquées.
Avantages locaux
Pour assurer ce développement, Thales va opérer un large recrutement local. Il ambitionne ainsi d’embaucher pas moins de 3 000 ingénieurs dans une période de trois à cinq ans, comme le souligne Pascale Sourisse, directrice générale en charge du Développement international : « L’Inde est un pays qui innove et dispose d’un vivier extraordinaire d’ingénieurs qualifiés. C’est pourquoi nous avons décidé d’élargir notre présence technologique en ouvrant ce centre de compétences en ingénierie à Bangalore. »
En plus d’être compétente, cette main d’oeuvre présente l’avantage d’être moins chère qu’en Europe ou en Amérique du Nord. De même, Thales va s’appuyer sur un réseau de fournisseurs locaux. Deux facteurs qui lui devraient permettre de gagner en compétitivité-coût.
Safran étoffe sa production
Le calcul est identique pour Safran, sauf qu’il vise des gains de compétitivité sur des activités industrielles. Présent pour Aero India 2019, le directeur général du groupe, Philippe Petitcolin, a annoncé qu’une usine sera construite à Hyderabad par sa filiale Safran Aircraft Engines, afin de produire des pièces pour le moteur LEAP. Pas moins de 36 millions d’euros seront ainsi investis, sans compter le soutien de l’Etat du Télangana.
Cette nouvelle usine, située dans la Special Economic Zone de l’aéroport d’Hyderabad, s’étendra sur 13 000 m², dont 8 000 m² d’ateliers. Le chantier doit débuter en juin, afin de lancer la production des premières pièces début 2020. Elle montera progressivement en puissance pour arriver à sa pleine cadence en 2023, avec la livraison de plus 15 000 pièces par an. Safran Aircraft Engines entend ainsi accompagner la montée en cadence du LEAP.
Les effectifs vont suivre cette évolution, passant d’une cinquantaine de personnels à la fin de l’année, à 300 à terme. Un programme de formation complet va d’ailleurs être mis en place pour les employés. Safran pourrait mettre à profit son centre de formation d’Hyderabad à cet effet. Inauguré en 2010 pour former les personnels des compagnies aériennes sur CFM56, il a intégré le LEAP à ses cursus en 2018.
Activités électriques
Toujours à Hyderabad, Safran Electrical & Power doit de son côté achever la construction de son usine de harnais électriques de 4 000 m², lancée il y a un an. Elle doit être pleinement opérationnelle mi-2019, avec 250 employés à terme. D’ici là, une petite activité de production a déjà commencée, avec 33 personnes dans un bâtiment provisoire. Les premières livraisons, normalement prévues d’ici mars, devraient intervenir sous peu.
Ce site est consacré à la production de harnais pour le LEAP, comme annoncé en mars 2018, mais aussi de systèmes d’interconnexion électrique pour le Rafale. Cela reste néanmoins conforme aux déclarations de l’époque, qui évoquaient le fait que l’usine « permettra également de répondre aux besoins éventuels de l’ensemble des programmes sur lesquels le groupe (Safran) intervient dans la région. »