Cela fait trois mois que Safran a mis la main sur Zodiac Aerospace. Et cela fait autant de temps que le groupe travaille avec acharnement à redresser sa filiale afin de l’intégrer pleinement. Les premiers effets du travail engagé se font déjà sentir, avec un retour de l’intérêt des clients, mais le travail pour ramener l’équipementier à niveau est loin d’être terminé. A l’occasion d’une rencontre avec l’AJPAE (Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace), Philippe Petitcolin, le PDG de Safran, a estimé qu’il faudrait bien attendre « douze à dix-huit mois » pour résoudre les problèmes de qualité.
Il avait déjà indiqué en février, à l’occasion de la présentation des résultats annuels, que Zodiac Aerospace était revenu dans les bonnes grâces de Boeing, alors que les relations s’étaient déjà arrangées avec Airbus. Le salon Aircraft Interiors qui s’est déroulé à Hambourg au mois d’avril a confirmé que l’équipementier était redevenu fréquentable pour les compagnies aériennes également. «Nous ne sentons plus du tout la même agressivité de nos clients vis-à-vis de Zodiac. Nous avons des clients qui reviennent », affirme Philippe Petitcolin. « Certaines compagnies, qui ne parlaient plus à Zodiac depuis des années, rediscutent avec nous de nouveaux projets. »
Signe d’un début de redressement, le « book to bill » est supérieur à 1 depuis quelques mois. Mais il faut encore passer une étape : « refaire prendre confiance en notre capacité de délivrer les produits ». Philippe Petitcolin est confiant, rappelant que si Zodiac Aerospace était le n°1 ou 2 de son secteur, « ce n’était pas par hasard mais parce qu’ils avaient de bons produits et des qualités exceptionnelles d’innovation, de design, ce qui a une vraie valeur. »
Un travail de fond
« Aujourd’hui, ce que j’ai dans la tête, et pas dans un petit coin de la tête, c’est de réussir Zodiac. Et c’est loin d’être une petite affaire », avoue le PDG de Safran. Le groupe souhaite en effet dégager 200 millions d’euros de synergies en trois ans et ramener l’équipementier à un niveau de rentabilité à deux chiffre sur la même période – elle était à 1,5% sur le premier semestre (septembre-février).
Aérosystèmes, qui représente la moitié du chiffre d’affaires, fonctionne bien, même si quelques changements bénéfiques peuvent être apportés. Le gros du travail à fournir est sur l’activité aménagement cabine. « Nous y mettons des processus, des règles, des méthodes. » La phase de développement, qui prend entre six et dix-huit mois selon la complexité du projet du client, est celle où les améliorations potentielles sont les plus nombreuses. « Nous avons donc encore une bonne année où on va entendre parler de problèmes de qualité. Pour les régler, il faut que tous les projets qui sont aujourd’hui dans le pipeline sortent. »
Le travail porte sur le rattrapage des retards, l’introduction de nouveaux processus plus performants, la sécurisation de la supply chain et la poursuite de l’innovation. « C’est un véritable travail de fond, nous le faisons, je pense que nous savons ce qu’il faut faire mais cela se fait dans la durée », conclut Philippe Petitcolin.