Aux mêmes problèmes, les mêmes solutions. Thales aura mis un peu plus de temps que les autres grands donneurs d’ordres aéronautiques, mais il va appliquer le même type de mesures pour prémunir sa santé financière de l’impact du Covid-19. Le groupe français a ainsi présenté un « plan global d’adaptation à la crise », avec l’objectif de préserver ses capacités de production et de dégager des liquidités.
« Notre exposition directe aux marchés les plus affectés est limitée, a déclaré Patrice Caine, PDG de Thales Nos activités dans l’aéronautique civil ne représentent qu’environ 12% du chiffre d’affaires du groupe. » Elles ont ainsi généré un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros sur un total de plus de 18 milliards en 2019.
S’il est donc moins exposé qu’Airbus ou Safran, Thales reste néanmoins impacté. Patrice Caine poursuit : « Toutefois, à l’instar de toutes les sociétés industrielles, cette crise perturbe actuellement de manière importante les chaînes de production et l’exécution des projets. C’est pourquoi nous mettons en oeuvre un plan global d’adaptation afin de limiter les impacts de cette crise et renforcer notre résilience. » Thales a ainsi défini trois axes au sein de ce plan, à savoir le maintien des capacités de production, la limitation des impacts industriels et financiers et le renfort des capacités de financement.
Pour le premier axe, la direction a conclu un accord le 26 mars avec l’ensemble des organisations syndicales représentative : CFDT, CFE-CGC, CGT et CFTC. Il encadre la mise en place de mesures sanitaires sur sites afin de maintenir « la continuité des activités critiques et stratégiques ». En dehors des fonctions éligibles au télétravail, les salariés affectés à ces activités et dont les sites sont à même de les accueillir sont ainsi invités à reprendre le travail. Les autres sont invités à rester chez eux par des mesures de congé ou de chômage partiel en attendant une reprise progressive du travail.
Si tout semblait cadré dans cet accord, les syndicats signataires ont tout de même écrit une lettre ouverte à la direction pour dénoncer certaines pressions quant à la reprise « d’activités non critiques et non vitales pour le pays en ce moment ».
Limiter l’impact
Sur le deuxième axe, outre la prise de congés ou le recours au chômage partiel, Thales indique aussi une forte baisse de l’intérim et le gel des embauches sur les fonctions support. Le groupe va aussi geler ses investissements non prioritaires et baisser ses dépenses discrétionnaires. Sur la partie industrielle, des actions devraient être menées pour éviter les ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, en collaboration notamment avec le Gifas.
Enfin, la direction de Thales a répondu à la demande du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Lemaire, ainsi qu’à celle des syndicats de suspendre le versement des dividendes au titre de l’année 2019. Ils devraient ainsi être limités à l’acompte versé en décembre 2019 de l’ordre de 0,6 euro par action, au lieu des 2,65 euros proposés lors de la présentation des résultats en février. Cette décision sera entérinée lors de l’assemblée générale annuelle le 6 mai prochain. Cela doit permettre de sauvegarder 430 millions d’euros de trésorerie.
Dans la même optique de préserver ses capacités de financement, Thales a négocié une nouvelle ligne de crédit de 2 milliards d’euros en plus de celle déjà existante de 1,5 milliard. Elles viennent s’ajouter aux près de trois milliards d’euros de trésorerie et d’équivalents du groupe.
Naturellement, comme pour les autres groupes aéronautiques, les prévisions de résultats pour l’année 2020 ont été annulées.