PureFlyt est désormais officiellement inscrit au catalogue de solutions Thales. Ce système de gestion de vol (FMS), que le Journal de l’Aviation avait présenté en avant-première lors du salon du Bourget, a été lancé par l’électronicien français le 25 novembre à Toulouse. Selon Jean-Paul Ebanga, vice-président Avionique de vol de Thales, il sera prêt à entrer en service mi-2024.
Au vu de la date possible d’entrée en service, le premier appareil à recevoir PureFlyt ne devrait pas être un nouveau programme mais un modèle d’appareil déjà opérationnel. Comme l’explique Jean-Paul Ebanga, la modularité du FMS lui permet d’être intégré aussi bien sur un avion en production – à la faveur de l’introduction d’un nouveau standard avionique – qu’en rétrofit sur un appareil déjà en exploitation. Les équipes de Thales précisent que PureFlyt est ainsi compatible avec les interfaces des cockpits actuels.
Aucun client n’a été annoncé pour l’instant, mais Jean-Paul Ebanga affirme que des discussions ont été engagées avec les différents constructeurs. C’est notamment le cas avec Airbus, comme nous l’annoncions en juin. L’avionneur réfléchirait ainsi à intégrer PureFlyt sur l’ensemble de ses modèles en production, de l’A320neo à l’A350, même si cela n’a pas encore été confirmé pour l’instant.
Maturité en profondeur
D’ici là, Thales va continuer à développer son système. Jean-Paul Ebanga estime que PureFlyt entrera en service avec un niveau de maturité jamais atteint jusqu’ici. Pour cela, ses équipes ont mis en place « une approche révolutionnaire », en appliquant des méthodes d’apprentissage automatique (« machine learning ») pour éprouver le système. Au lieu des quelques centaines de cas d’usage répertoriés habituellement testées, l’intelligence artificielle a permis de jouer deux millions de scénarios différents – soit l’équivalent de 100 millions d’heures de vol – afin de détecter et identifier des comportements inattendus du FMS. « Nous avons pu faire plus de simulations en un week-end qu’en 20 ans sur les systèmes précédents », s’est félicité Jean-Paul Ebanga.
Pour l’instant, le travail de développement est centré sur le coeur du système, qui doit afficher une puissance de calcul cinq à dix fois supérieures aux standards actuels pour un SWaP (taille, masse et puissance) inférieur. Cela permettra notamment de générer des trajectoires complexes dans un « environnement 5D », avec la prise en compte de la position de l’avion à un moment donné et une masse précise. Cette puissance offre aussi la possibilité de recalculer une trajectoire en permanence, notamment pour « rattraper le plan de vol initial » en cas de divergence par rapport celui-ci.
Thales développera aussi une suite de solutions implémentables a posteriori. Contrairement au coeur du FMS, celles-ci pourront faire appel aux possibilités offertes pas l’IA. La condition sine qua non sera bien sûr d’arriver à des systèmes déterministes et donc certifiables, prévient Jean-Paul Ebanga. C’est d’ailleurs dans cette optique que Thales a acheté la startup américaine Psibernetix en juin dernier.
La connectivité entre dans le cockpit
L’autre apport majeur viendra de la connectivité offerte pour la première fois par PureFlyt, à travers les sacoches de vol électroniques (EFB) puis avec des communications sol-bord, voire bord-bord. Il faudra tout de même attendre encore un peu avant que cette connectivité donne toute sa mesure. Certaines fonctionnalités, comme la capacité d’approche en descente continue (CDA), nécessiteront sans doute que les équipements au sol disposent de capacités équivalentes – une trajectoire restant in fine soumise à l’approbation du contrôleur.
Le mouvement est en tout cas lancé, et PureFlyt pourrait d’ailleurs n’être qu’une étape intermédiaire vers une connectivité totale, en temps réel, avec tous les avantages et les risques que cela représente. Thales estime en tout cas que son nouveau FMS est à même de garantir un niveau de sécurité équivalent aux standards actuels dans un contexte qui verra le doublement du trafic aérien d’ici 2035 et l’intégration de drones dans celui-ci.