Le Canada se prépare à remettre sa flotte de Boeing 737 MAX en service. Transports Canada a émis une consigne de navigabilité pour les Boeing 737 MAX le 18 janvier, qui décrit les modifications à apporter aux appareils pour qu’ils puissent reprendre du service dans le ciel canadien. Elle sera suivie de la levée de l’interdiction de vol le 20 janvier au soir.
Cette levée du NOTAM interdisant l’exploitation du 737 MAX va permettre à Air Canada et WestJet de remettre leur flotte en service, ainsi qu’aux opérateurs étrangers de desservir les aéroports canadiens avec leurs propres appareils.
Air Canada exploitait 24 737 MAX 8 avant l’immobilisation décidée en mars 2019. Elle compte remettre le premier en service le 1er février sur son réseau intérieur initialement (entre Toronto et Halifax, Montréal, Ottawa, Edmonton et Winnipeg). Puis, au fur et à mesure des remises en service, le 737 MAX sera affecté à des routes plus adaptées à ses capacités.
WestJet quant à elle compte treize appareils dans sa flotte, également en version MAX 8. Elle avait annoncé dès le début du mois qu’elle prévoyait de remettre son premier 737 MAX en service immédiatement après la levée du NOTAM, espérant pouvoir le faire dès le 21 janvier. Depuis quelques jours, elle réalise des essais en vol et elle prévoit de réaliser ses premiers vols commerciaux en reliant Calgary et Toronto trois fois par semaine durant un mois. Un élargissement du programme de vols et des fréquences est à l’étude mais dépend évidemment aussi du contexte sanitaire.
© Westjet
Les deux compagnies auront un gros travail à faire pour rassurer les futurs passagers. Elles s’appuient notamment sur la rigueur et la volonté d’exhaustivité du travail réalisé par les autorités de l’aviation civile depuis près de deux ans pour corriger toute préoccupation en matière de sécurité identifiée sur l’appareil. Comme la FAA, l’ANAC brésilienne et l’EASA, Transports Canada exige des modifications, que l’on retrouve dans la nouvelle directive de navigabilité pour les 737 MAX et qui vont parfois au-delà de celles de la FAA.
L’agence demande ainsi l’installation d’une nouvelle version du logiciel pour l’ordinateur de contrôle de vol afin de traiter les problèmes liés au système de renforcement des caractéristiques de manoeuvrabilité (MCAS) – système à l’origine des deux accidents de Lion Air et Ethiopian Airlines en 2018 et 2019. L’acheminement des fils électriques du circuit de compensation du stabilisateur horizontal doit aussi être modifié afin d’améliorer la séparation physique du câblage.
Une révision du logiciel de système d’affichage est également exigée pour rendre standard l’alerte en cas de désaccord (AOA DISAGREE), ainsi que la possibilité de désactiver un vibreur de manche intempestif lorsqu’il est activé par erreur en raison d’une défaillance de ce système de détecteurs d’angle d’attaque. Cette correction, supplémentaire à celles exigées par la FAA, doit permettre de réduire la charge de travail des pilotes.
Par ailleurs, un arrêt d’urgence relatif à la formation des équipages a été émis, entérinant la version révisée du programme de formation du personnel navigant présentée par Transports Canada le 21 décembre. Elle a été élaborée conjointement avec les opérateurs canadiens et a déjà été mise en application depuis cette date.
Ainsi, pour remettre leurs 737 MAX en service, Air Canada et Westjet devront s’être assurées que les modifications de conception ont été apportées à leurs avions, que leurs équipages soient formés selon le nouveau programme et que la maintenance des appareils soit exemplaire pour leur sortie de stockage longue durée. Air Canada souligne qu’elle aussi a adoptée une couche de sécurité supplémentaire sur certains points. « En plus de mettre en oeuvre toutes les mises à jour et modifications requises sur l’appareil, Air Canada a équipé sa flotte de dispositifs supplémentaires de renforcement de la sécurité qui vont au-delà de la réglementation en vigueur », assure le commandant Murray Strom, vice-président – Opérations aériennes d’Air Canada.
Transports Canada rappelle de son côté qu’elle a « consacré bien plus de 15 000 heures à l’examen du Boeing 737 MAX », aux côtés de la FAA, de l’EASA et de l’ANAC. La FAA et l’ANAC ont déjà donné leur feu vert à l’exploitation et celle de l’EASA est imminente.
Le Boeing 737 MAX a repris du service depuis le 9 décembre, date à laquelle GOL a réalisé un premier vol commercial avec l’un de ses 737 MAX 8. Il vole également de nouveau au Mexique (avec Aeromexico) et aux Etats-Unis, sous les couleurs d’American Airlines depuis le 29 décembre. Air Canada souligne que les quelques appareils en service ont depuis réalisé plus de 1 025 vols.