A l’image de l’économie occidentale au cours des Trente glorieuses, la tertiarisation de l’activité est en forte croissance dans l’aéronautique. Et le mouvement s’accélère à la faveur du développement des outils numériques. C’est sur cette vague que surfent des entreprises comme Web Manuals. Comme son nom l’indique, cette entreprise suédoise propose d’aider des compagnies à numériser l’ensemble de leur documentation. Après avoir commencé son développement en Europe en 2012, elle est désormais implantée aux Etats-Unis et s’attaque au marché de l’aviation d’affaires.
« Nous proposons à nos clients des outils pour gérer leur organisation, depuis les aspects réglementaires jusqu’aux opérations, présente Martin Lidgard, cofondateur et directeur général de Web Manuals. Nous nous adressons aux compagnies aériennes comme à la maintenance ou à l’assistance en escale. »
Plus concrètement, cela consiste à fournir une équipe opérationnelle et un éditeur pour numériser l’ensemble de la documentation technique d’un opérateur. Cette documentation est ensuite disponible via une liseuse en ligne ou sur une application pour tablette.
Web Manuals propose également une librairie contenant des textes réglementaires issus de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), de l’Administration fédérale américaine de l’aviation (FAA) ou encore les normes éditées par l’Agence internationale du transport aérien (IATA) et le Conseil international de l’aviation d’affaires (IBAC). Des hyperliens peuvent alors être établis entre les documentations opérationnelle et réglementaire pour garantir leur conformité.
La société compte sur l’amélioration continue de son produit pour convaincre. Une nouvelle version sort ainsi tous les six mois environ. Pour Martin Lidgard, c’est l’amélioration de la maturité du produit qui permet de renforcer son acceptation par le marché. Cela passe aussi par différents processus de certification : IOSA (sécurité), IS-BAO (opérations), IS-BAH (assistance au sol), Argus (sécurité des données), ISO-9001, ISO-27001, etc. Et pour l’an prochain, la société suédoise espère recevoir l’homologation officielle de l’EASA pour proposer une application directement intégrable sur un EFB.
La mise à jour a également été prise en compte au niveau des contenus. Lors d’un changement réglementaire ou opérationnel, Web Manuels propose leur actualisation, mais en ne modifiant que les parties concernées pour éviter des téléchargements lourds et donc potentiellement laborieux. Pour Martin Lidgard, la souplesse de l’outil permet aussi à un opérateur d’introduire plus facilement une nouvelle procédure, un nouveau type d’appareil, etc.
Un développement américain qui s’est fait attendre
Sûr de ses forces, le dirigeant n’hésite pas à affirmer que : « Nous sommes des outsiders, mais nous avons un produit très fort. » Il en veut pour preuve les résultats obtenus cette année sur le marché américain, qui commencent à être un peu plus probants. Web Manuals peut ainsi se targuer d’avoir doublé son nombre de clients aux Etats-Unis en six mois. Ce nombre n’est encore que de vingt, mais Martin Lidgard espère atteindre les trente d’ici la fin de l’année et les soixante l’an prochain.
Il y voit le résultat des efforts récents menés sur les ventes et la mercatique par sa filiale de San Diego (Californie), notamment en direction de l’aviation d’affaires. Un secteur qui correspond bien au marché de petits et moyens opérateurs que vise Web Manuals. Présente à la convention américaine de la NBAA, la société suédoise compte désormais des clients comme le département des vols de John Deere, ACI Jet, Tradewind Aviation, Presidential Aviation ou encore KOLOB Canyons Air Services.
Ces chiffres restent bien sûr assez faibles au vu du nombre d’opérateurs présents sur le sol américain. Martin Lidgard ne s’en alarme pas pour autant. « Nous sommes toujours nouveaux sur le marché », explique-t-il, avant de rappeler que son aventure américaine a commencé en 2014 avec une compagnie du classement Fortune 500, et que seuls cinq clients avaient opté pour sa solution la première année.
Le directeur général n’en oublie pas pour autant la vieille Europe, qui représente son principal marché avec environ 80 clients sur les 120 que compte la société. Parmi eux se trouvent des acteurs de l’aviation d’affaires, de la maintenance, ainsi que des compagnies aériennes comme Transavia, KLM Cityhopper, Icelandair, airBaltic, VLM, ou encore Chalair. « Il y a encore beaucoup à faire en Europe, où nous n’avons que 2 à 3 % du marché et où il n’y a pas vraiment de concurrence, affirme Martin Lidgard. Nous avons au moins 500 clients potentiels. » Au niveau mondial, il estime même pouvoir passer la barre des 1 000 clients d’ici 2020.