Intervenant au Paris Air Forum le 16 juin sur le thème de la consolidation dans l’industrie aéronautique, Yannick Assouad a partagé sa vision du domaine des aérostructures. La directrice générale de Latécoère s’attend à ce qu’une consolidation ait lieu dans ce secteur et ne s’attend pas à ce qu’aucun de ses acteurs puisse passer au travers.
Dans le secteur des aérostructures, qui représente un marché annuel de 60 milliards de dollars, « la consolidation n’a pas eu lieu mais elle doit avoir lieu », a-t-elle annoncé. Aujourd’hui, il compte environ 150 acteurs, ce qui entraîne une concurrence trop rude et mène à une baisse des prix et à une réduction des marges. Or le secteur est très gourmand en investissements : « pour acquérir un million de dollars de valeur de chiffre d’affaires par avion, il faut investir 100 millions de dollars », estime Yannick Assouad. Ce besoin important en investissement combiné à la volonté des avionneurs de s’appuyer sur des fournisseurs solides financièrement et industriellement va pousser ceux-ci à « s’adresser à des plus gros […] : il faut un chiffre d’affaires d’un ou 1,5 milliard d’euros quand on s’adresse à Airbus et Boeing, voire trois milliards pour Boeing ».
Consolider la filière est donc « une question de vie ou de mort [pour ses acteurs], sinon on n’est pas sélectionné sur les programmes et comme il s’agit d’un secteur avec extrêmement peu d’après-vente on ne peut pas vivre sur un programme d’avion éteint ».
Latécoère « va et doit » participer. Et si l’industriel a connu des difficultés ces dernières années, il est en train de redresser la tête. L’entrée au capital de deux investisseurs puis le recentrage sur les activités Aérostructures et Systèmes d’interconnexion avec la cession de l’activité bureau d’études, Latécoère Services, toutes les mesures prises dans le cadre du plan de restructuration ont permis au groupe de se désendetter et de recommencer à générer du cash. « Je me donne les moyens d’être acteur et plutôt d’être le consolidateur que le consolidé », conclut Yannick Assouad, en précisant que vu les tailles de sociétés visées, l’industriel français pourrait avoir recours à de l’emprunt ou à des augmentations de capital, selon les cas, pour financer sa contribution au mouvement à venir.