Il n’est pas facile de réadapter sa stratégie quand un marché vieux de plus de cinquante tend à disparaître. C’est pourtant bien ce que va devoir faire Aerostar of Romania. La société de Bacău est en effet confrontée au retrait progressif des MIG-21 de l’inventaire de la force aérienne roumaine et va donc se voir privé sous peu de leur entretien ainsi que des chantiers de modernisation ponctuels. Et pour l’instant, elle ne possède aucune garantie de récupérer la maintenance des F-16, dont les livraisons s’achèvent. La MRO civile apparaît aujourd’hui comme l’alternative la plus prometteuse.
Jusqu’ici l’activité d’Aerostar of Romania se répartit entre les aérostructures (50 %), la MRO militaire (30 %) et la MRO civile (20 %). Les aérostructures sont amenées à rester le point fort de la société. Elle travaille avec plusieurs fournisseurs de Rang 1 et 2 sur des contrats de grande ampleur. Elle produit ainsi des pièces de voilure (wing shroud box) d’Airbus A320 ainsi que des pièces de Dassault Falcon 5X et 7X pour GKN Aerospace. Elle a aussi remporté des contrats avec Safran Landing Systems sur les trains d’atterrissage des A350 et Boeing 787.
L’activité MRO militaire semble bien plus incertaine. Aerostar a pratiqué pas moins de 350 grandes visites sur la flotte de MiG-21 roumaine, ainsi que d’autres pays. Mais ces flottes se réduisent comme peau de chagrin et la Roumanie devrait abandonner les siens au profit de 12 F-16 achetés en seconde main au Portugal. Aerostar est candidat à l’entretien de ces nouveaux appareils, mais pour l’instant rien n’a encore été décidé. De même, la taille définitive de la flotte n’est pas encore connue, ce qui empêche toute projection précise.
Enfin, Aerostar pouvait compter sur les chantiers de modernisation du MiG-21 comme le LancER. Là encore rien ne garantit que ce sera le cas pour le F-16, même si la société se voit confier l’entretien de la flotte.
MiG-21 LancER en grande visite à Bacău. © Aerostar of Romania
De la MRO civile pour compenser le militaire
Pour faire face à ces incertitudes, Aerostar semble décidée à repositionner son activité en faveur de la MRO civile. Elle a ainsi annoncé, fin septembre, la location pour 49 ans d’un hangar de 16 000 m2 à Iași (nord-est de la Roumanie). Cette future installation, qui pourra accueillir jusqu’à quatre avions moyen-courriers, doit ouvrir à l’été 2019.
Cela va permettre à Aerostar de renforcer de 40 % ses capacités de grandes visites. Actuellement son activité se concentre à Bacău, où elle a pratiqué 80 Check C et D sur des monocouloirs en 2016, et 53 pour les neuf premiers mois de 2017.
Aerostar of Romania va également accroître ses capacités en termes de types d’avion. La société va rester uniquement centrée sur les familles Airbus A320 et Boeing 737, mais va progressivement intégrer les nouvelles générations remotorisées. Elle doit recevoir une extension de son Part 145 de la part de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) pour l’A320neo le 1er avril 2018. Une première révision sera réalisée dans la foulée pour la compagnie turque Pegasus Airlines.
Pour l’instant, Aerostar n’a pas d’agrément en cours pour le 737 MAX, mais elle s’y prépare. Une décision dans ce sens pourrait être prise prochainement par la direction.