Les incertitudes créées par les changements de propriétaires et de noms de ces dernières années ne semblent pas affecter le dynamisme actuel du centre de MRO de Gonesse, aujourd’hui détenu par StandardAero. Un an et demi après son rachat (voir encadré), le site francilien sort d’une année pleine sur le plan opérationnel et financier, et devrait voir son activité continuer à se développer. Son propriétaire américain vient ainsi d’annoncer le 7 mai le renforcement de ses capacités sur site et mobiles, le renouvellement de ses licences avec Pratt & Whitney Canada et de son accord avec Daher, et a confirmé plusieurs embauches.
La principale nouveauté parmi les annonces de StandardAero à Gonesse est la mise en place d’un centre de service sur site cette année. Il offrira des solutions pour des opérations allant de la maintenance « légère » jusqu’à l’inspection de parties chaudes de moteurs. Cette nouvelle capacité s’accompagnera d’un renforcement des équipes mobiles de techniciens de réparation (MRT). StandardAero entend ainsi proposer davantage de possibilités de réparation directement chez le client, et accroître ses capacités d’intervention rapide pour les situations avions cloués au sol (AOG) pour cause de panne moteur.
Relation pérenne avec Pratt & Whitney Canada
L’autre élément marquant est la réaffirmation du statut de Centre de révision désigné (DOF) de Pratt & Whitney Canada, avec le renouvellement des licences pour les PT6 et les PW100 au cours du mois d’avril. Gonesse détient ainsi des agréments pour la révision, l’inspection et la réparation de 23 moteurs de la famille PW100, dont les PW127M des ATR -600, et neuf de la famille PT6.
Le site a également prorogé son accord avec Daher, signé en 2016, pour assurer la maintenance des moteurs PT6 de la flotte d’avions TBM 700 exploitée par le Ministère des Armées. Celle-ci est gérée par Daher dans le cadre d’un accord de support opérationnel complet.
Pour accompagner ces développements, StandardAero a lancé une campagne de recrutement pour son entité française fin 2018. En tout, une vingtaine de techniciens supplémentaires ont été ou vont être embauchés, ainsi que d’autres profils. Le groupe américain entend ainsi répondre à une future montée en charge sur le marché Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA).
Centre européen pour les turboprops
Gonesse s’impose donc comme le principal centre de maintenance de StandardAero en Europe pour ces deux moteurs, notamment face à Tilbourg, aux Pays-Bas. « La décision de StandardAero de faire du site de Gonesse le centre de gravité de son équipe européenne de MRT pour les PW100 et les PT6A souligne l’importance que nous accordons aux services au sein de notre personnel », a ainsi souligné Laurent Cluzel, directeur général du site français. Celui-ci devient ainsi le pendant des installations canadiennes de Summerside.
Le site néerlandais de Tilbourg devrait en contrepartie renforcer ses capacités dans le militaire, possiblement autour du moteur Pratt & Whitney F135 (qui équipe l’avion de combat F-35). Cela répondrait à d’ailleurs à la volonté du groupe américain de développer ses activités militaires en Europe.
En revanche, la diversification du centre francilien vers d’autres types de moteurs commerciaux ne semble pas encore à l’ordre du jour. Celle-ci avait parfois évoquée, sachant que la famille PW100 représente environ les trois-quarts de l’activité du site.
Stratégie globale
Plus largement, ces investissements s’inscrivent dans une stratégie de la part du site de Gonesse pour améliorer ses processus selon les principes du lean manufacturing et optimiser ses flux de travail. Cette démarche est en ligne avec la volonté de StandardAero d’améliorer les TAT, avec notamment une maîtrise accrue des délais, et la qualité. De premiers accords salariaux sur l’organisation du temps de travail ont d’ailleurs été signés dès 2018 avec les syndicats français.
L’autre objectif de StandardAero est l’augmentation du chiffre d’affaires. Le site de Gonesse n’est pas particulièrement visé, mais le groupe américain ne cache pas sa volonté de redynamiser l’ex-Vector Aerospace auquel il appartenait. Propriété du groupe Airbus entre 2011 et fin 2017, cette société canadienne a en effet vu ses revenus annuels stagner autour de 700 millions de dollars pendant dix ans. Une situation en partie imputable à un manque d’intérêt stratégique pour le groupe européen.