Le sujet des défaillances des prestataires de services de la navigation aérienne (ANSP) est en passe de devenir le favori d’Airlines for Europe (A4E), devançant presque celui des taxes imposées aux compagnies aériennes. L’association, réunie à Bruxelles pour son sommet annuel le 6 mars, a indiqué que les perturbations imposées par les ANSP en 2018, que ce soit en raison de la pénurie de main d’oeuvre ou des grèves, avaient coûté 17,6 milliards d’euros, en croissance de 28% par rapport à 2017.
Selon les études d’Eurocontrol, les retards et annulations ont ainsi augmenté de 105%, quand le trafic n’a enregistré qu’une croissance de 3,8%, et ils ont touché 334 millions de passagers. Willie Walsh, le président d’IAG, a rappelé que 2018 avait ainsi été « la pire année en termes de performance du contrôle aérien ». Malheureusement, 2019 ne semble pas s’annoncer mieux : « je pense que 2019 sera au même niveau que 2018, ce qui est tout à fait inacceptable. »
Si la France a de nouveau été pointée du doigt pour ses grèves et son inefficacité, la DFS (deutsche Flugsicherung) a également été vivement critiquée pour sa mauvaise gestion cet été. « La DFS devrait avoir honte de ce qu’il s’est passé », a affirmé Willie Walsh.
Les autorités européennes semblent avoir pris conscience de l’ampleur du problème et une déclaration a été signée par A4E, la CANSO (Civil air navigation services organisation), l’EBAA (European Business Aviation Association) et Eurocontrol, s’accordant sur un ensemble de principes et de mesures correctives. Certaines d’entre elles seront mises en place dès le début de la saison été. A4E craint que cela ne suffise pas et appelle les gouvernements nationaux à agir également.
Réformer l’EU261 pour y intégrer les ANSP
« Nous avons une liste de mesures simples et pratiques, qui n’apportent aucune complexité, que nous poussons auprès de la Commission européenne », explique Michael O’Leary, le PDG du groupe Ryanair. Certaines sont bien connues. Par exemple, les grèves du contrôle aérien devraient ne concerner que les vols décollant et atterrissant sur un territoire, pas les vols survolant ce territoire. En lien avec cela, les compagnies appellent à une gestion du trafic au niveau européen, entre les mains d’Eurocontrol (l’ambition contrariée du ciel unique européen). Le temps de déploiement des nouveaux contrôleurs pourrait par ailleurs être réduit.
A4E propose également des mesures plus répressives comme mettre en place un environnement compétitif pour la fourniture de services de contrôle ou de permettre aux différents systèmes d’être interopérables, ce que la CANSO approuve également. Mais la plus coercitive est celle d’intégrer les ANSP dans la régulation EU261 sur les compensations aux passagers. « 75% des retards en Europe sont dus au contrôle aérien à cause des grèves, de la pénurie de personnel mais aussi une structure inefficace du ciel européen. Il faut que le coût soit supporté par les ANSP et non par les compagnies aériennes », affirme Michael O’Leary.