Abou Dhabi veut continuer à rivaliser avec le hub de Dubaï. Avec l’affaiblissement d’Etihad, la partie s’est déplacée sur le secteur low-cost. Après que la compagnie nationale a décidé de s’allier à sa compatriote Air Arabia, la société étatique Abu Dhabi Development Holding Company (ADDH) s’est associée avec Wizz Air pour lancer sa propre compagnie low-cost. Le rapprochement ne fait pour le moment l’objet que d’un accord de principe et ne se concrétisera qu’une fois obtenus l’approbation des autorités et le certificat de transporteur aérien.
Cependant, le projet a l’air plus concret que celui d’Etihad et Air Arabia. Il prévoit que Wizz Air Abu Dhabi soit créée sous la forme d’une co-entreprise, qui pourrait lancer ses premières opérations dès le second semestre de 2020. La low-cost desservirait en priorité les marchés qu’elle maîtrise déjà et à forte croissance, à savoir ceux d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique à plus long terme.
Wizz Air a de quoi pourvoir la flotte de Wizz Air Abu Dhabi. Grâce aux retentissantes commandes de sa maison-mère Indigo Partners auprès d’Airbus, la compagnie a un carnet de commandes très conséquent de 70 A320neo et 199 A321neo, parmi lesquels vingt A321XLR. Elle exploite actuellement 120 appareils de la famille A320 (dont sept A321neo), qui lui permettent de desservir principalement l’Europe et l’Asie centrale, ainsi que… Dubaï.
Wizz Air Abu Dhabi sera sa première filiale établie hors d’Europe, la seconde après Wizz Air UK. Pour une compagnie qui souhaite avoir une totale maîtrise de ses coûts et ne pas prendre de risques inutiles, le projet semble pour le moins audacieux. Mais Wizz Air bénéficie du soutien de sa puissante maison-mère américaine, s’est associée au gouvernement et part donc avec de bonnes cartes en main. Elle estime qu’elle aura ainsi le potentiel pour toucher des marchés de cinq milliards de personnes.
Il lui faudra cependant composer avec Air Arabia Abu Dhabi, qui n’a pas encore révélé les cartes qu’elle avait en main, hormis qu’elle comptait débuter ses opérations au deuxième trimestre 2020. Air Arabia est peut-être plus petite, elle est déjà connue dans la région et rencontre son succès. Et il faudra compter sur les grandes compagnies du Golfe, qui ont beau s’être surtout concentrées sur les opérations long-courrier avec un service de haut niveau mais n’ont pas oublié de desservir leur marché régional, avec des gros-porteurs et cet atout des services en correspondance.
Mais le marché low-cost ne demande qu’à se développer au Moyen-Orient. Air Arabia, première compagnie de ce modèle à s’être lancée en 2003, n’exploite que 55 appareils. Sa plus grande concurrente, flydubai, en exploite une bonne quarantaine, entravée dans son développement par l’immobilisation du Boeing 737 MAX. La flotte est petite mais en expansion rapide et avec un potentiel de développement très important puisque les compagnies low-cost du Moyen-Orient n’ont qu’une part de marché de 17% (selon une analyse CAPA, publiée en avril 2019). Abou Dhabi semble être un terreau idéal, avec la possibilité de se positionner efficacement sur les liaisons où Etihad ne parvient pas à être rentable (et a abaissé sa qualité de service), de se positionner sur le marché indien, très demandé, et d’assouvir l’appétit grandissant des habitants de la région pour des billets à tarifs réduits.