A la suite de la finalisation du partenariat stratégique entre leurs deux compagnies en novembre, les dirigeants d’Air Madagascar et d’Air Austral ont fait le déplacement à Paris, le 5 février, pour en exposer les grandes lignes. Si l’urgence est actuellement de redresser Air Madagascar et de « restaurer les fondamentaux » en travaillant sur les outils de production et la qualité de service, des changements seront visibles dès la saison été 2018, avec un développement du réseau et la création d’une nouvelle filiale dédiée aux opérations domestiques, Tsaradia. En ce qui concerne la flotte, les partenaires vont tout d’abord chercher à rétablir son taux de disponibilité mais réfléchissent déjà à son renouvellement et à son harmonisation.
Pour mémoire, Air Austral détient une participation de 49% dans Air Madagascar et s’est engagée à piloter un plan de transformation sur dix ans pour donner les moyens à Air Madagascar de redevenir une compagnie phare dans sa région. Ce plan prévoit de transformer la compagnie sur trois ans en redressant ses opérations, son produit et ses process, avec le soutien du gouvernement malgache qui a accepté d’apurer ses dettes et de soutenir le développement et la modernisation des infrastructures à Madagascar. L’objectif est de revenir à l’équilibre d’ici la fin de l’année 2019 ou le début de l’année 2020, pour pouvoir lancer la seconde phase du plan : celle de la croissance. Cela se fera notamment par la création d’un groupe qui fonctionnera sur un double hub (Saint-Denis-de-la-Réunion et Antananarivo).
Des changements dès cet été
Les premiers effets de l’entrée d’Air Austral au capital d’Air Madagascar seront visibles très rapidement. Les deux compagnies n’ont pas voulu perdre de temps dans la mise en place des premières mesures et ont notamment souhaité profiter au mieux de l’élan que va offrir la saison été IATA aux opérations. Ainsi, le programme d’Air Madagascar vers la France (Paris et Marseille) sera renforcé à partir du 1er juillet, passant de deux à cinq rotations hebdomadaires. L’offre sur le secteur domestique et régional va croître de 30% en nombre de sièges. Et le partenariat TGV Air a été mis en commun, tout comme le seront les salons et les programmes de fidélisation.
La grande nouveauté de cet été sera plus locale et portera un nom : Tsaradia. Il s’agit d’une nouvelle compagnie, filiale à 100% d’Air Madagascar, qui sera chargée d’optimiser l’activité du groupe sur le réseau intérieur et surtout de lui donner les moyens de répondre enfin à la demande. Elle sera lancée au début du mois d’avril et une demande est en cours de traitement par les autorités malgaches pour la doter de son propre certificat de transporteur aérien. Son programme de vol sera élaboré en coordination avec sa maison-mère, Air Austral et Ewa Air. Enfin, elle exploitera la même flotte qu’Air Madagascar aujourd’hui sur ce segment, à savoir ses Twin Otter et ses ATR. Elle devrait d’ailleurs s’étoffer grâce à la remise en service d’un appareil de chaque type – elle opérera ainsi deux ATR 72-500, deux ATR 72-600 et trois DHC-6-300.
Vers une modernisation de la flotte
C’est d’ailleurs la tendance qui devrait prévaloir jusqu’en 2027 : augmenter la taille de la flotte. Cela sera tout d’abord réalisé par la réhabilitation des avions actuels. Marie-Joseph Malé regrette en effet que près de la moitié de la flotte actuelle d’Air Madagascar soit inopérable : un ATR est immobilisé depuis un an faute de moyens pour réparer ses moteurs, tout comme un Twin Otter et l’un des deux A340. « Ce n’est pas un business plan agressif : les premières années, on passe de six à dix appareils mais c’est par la remise en service d’appareils actuellement cloués au sol », résume le directeur d’Air Austral.
Par la suite, Air Madagascar sera associée au plan de renouvellement de la flotte d’Air Austral – projet annoncé avant même l’entrée en service des 787 – dans un souci d’harmonisation. « Nous travaillons aux premier et deuxième trimestres 2018 sur le renouvellement de la flotte à l’horizon 2022-2023. Nous avons commencé la réflexion il y a un peu plus d’un an et nous sommes prêts en ce qui nous concerne. Nous travaillons avec Boeing et Airbus à y intégrer Air Madagascar », explique Marie-Joseph Malé. La flotte domestique et régionale est déjà similaire puisque Air Austral et Air Madagascar exploitent toutes les deux des 737 et des ATR. Les Twin Otter devront eux aussi être remplacés car les appareils vieillissent mais cela concerne principalement Air Madagascar pour ses liaisons côtières. La question se pose davantage sur le long-courrier et Marie-Joseph Malé indique envisager aussi bien les A350-900 et les A330neo que les 787 (y compris le 787-10), tout en gardant à l’esprit les spécificités notamment de la piste à Antananarivo. Les acquisitions devraient se faire via des contrats de leasing opérationnel.
Ainsi, en 2027, Air Madagascar devrait exploiter au moins seize appareils : cinq avions long-courrier, quatre monocouloirs, deux de type Twin Otter ou Let410 et au minimum cinq ATR ou Q400 – Air Austral et Air Madagascar veulent renégocier les contrats ATR et envisagent la possibilité de se convertir au Q400 en cas d’échec des discussions. Mais les deux partenaires espèrent réussir à faire vraiment décoller les opérations intérieures et augmenter à dix voire quinze avions la flotte de biturbopropulseurs.