Si Air France-KLM a tenu sa promesse d’amélioration de ses résultats opérationnel et net, notamment grâce à la cession de Servair et l’allègement du poste carburant, le groupe n’est pas encore tiré d’affaire. Les incertitudes géopolitiques et économiques et le renforcement tous azimuts de la concurrence continuent de peser sur l’activité et d’éroder la recette unitaire – ce qui a provoqué une légère baisse du chiffre d’affaires en 2016.
Pour 2017, le groupe va donc poursuivre ses initiatives de réduction des coûts, d’augmentation de la productivité et de renouvellement de produit pour tenter d’attirer davantage de passagers. Voici un panorama de ses principaux axes de travail.
Toute l’activité passage en croissance
Si le contrôle des capacités va se poursuivre, il sera moins intense que ces dernières années. Alors que la croissance de l’offre à l’échelle du groupe était de 1% en 2015 et de 1,7% en 2016, elle devrait atteindre 3 à 3,5% en 2017. Elle sera plus forte chez Transavia (10 à 15%) que chez KLM (3 à 4%) et surtout que chez Air France, où elle atteindra 1,5 à 2,5%, ce que Jean-Marc Janaillac, le PDG du groupe qualifie de « raisonnable mais en forte augmentation par rapport à 2016 qui était en décroissance de 1,4% ». Un autre objectif fixé à Air France et KLM est de garder un rythme de croissance de 2 à 3% par an jusqu’en 2020 sur le secteur long-courrier. Ceci sera notamment réalisé en s’appuyant sur le réseau d’alliances.
Ce tableau est assez optimiste et s’inscrit dans un contexte presque amélioré. « Nous avons connu un mois de janvier encourageant avec une recette unitaire passage en recul de seulement 0,7% pour Air France-KLM et de 0,6% pour Transavia, c’est-à-dire à peu près stable. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu ce facteur-là », estime Jean-Marc Janaillac avant de tempérer : « bien évidemment, il ne s’agit que du premier mois de l’année et ce serait tout à fait prématuré d’en tirer des conclusions pour les mois qui viennent mais nous enregistrons des réservations par avance en légère augmentation par rapport à 2016, notamment sur l’Asie » avec un retour de la clientèle chinoise, même si le Japon reste en retrait.
Poursuite de la réduction des coûts
Les effets des différents plans de restructuration se font désormais bien sentir. En 2016, les coûts unitaires ont diminué de 1% – 1,7% hors effet de grève et sans compter la prime d’intéressement versée aux salariés de KLM pour leurs performances. En 2017, l’objectif est fixé à 1,5%.Ceci se fera de nouveau par une réduction des effectifs dans le cadre d’un plan de départs volontaires de 1 400 postes clôturé à la fin du mois de mars. Cela passera également par la renégociation – en cours – des accords collectifs des différents personnels navigants.
Air France-KLM compte également jouer sur ses coûts de flotte. L’introduction de nouveaux 787 et 777 permettra le retrait des A340-300 d’Air France et des 747 de KLM, moins efficaces dans les opérations. De même, les contrats de leasing vont être renégociés, plusieurs d’entre eux arrivant à terme au cours de l’année.
Amélioration de la compétitivité
L’optimisation de l’utilisation de la flotte va se poursuivre. Jean-Marc Janaillac a souligné que des efforts avaient déjà été faits dans ce sens au niveau des équipes de planification, qui avaient abouti à l’ouverture de 45 nouvelles lignes « à flotte constante, en tout cas chez Air France » en 2016. En ce qui concerne la flotte moyen-courrier, l’utilisation aura augmenté d’une dizaine de minutes par jour cet été, ce qui équivaut à un supplément de capacité de deux ou trois appareils.
L’amélioration du produit finalisée en 2017
L’année 2017 verra également la finalisation d’un certain nombre de chantiers en termes d’amélioration de produit. Les cabines Best équipent aujourd’hui 82% de la flotte 777 concernée par leur installation et les sept derniers appareils qui devaient les recevoir seront rétrofittés dans les prochains mois. Air France va donc se pencher davantage sur le projet de réaménagement de la flotte A330, qui devrait débuter fin 2018-début 2019.Du côté de KLM, 77% de la flotte long-courrier est aménagée des nouvelles cabines.
Sur le moyen-courrier, tous les A319 et A320 d’Air France ont été rééquipés avec les nouvelles cabines densifiées grâce aux slim seats et le retrofit de la flotte A321 devrait s’achever d’ici la fin du mois d’avril. Quant à KLM Cityhopper, elle est en pleine transition d’une flotte de Fokker 70 vers une flotte d’Embraer 190 et 175 (les livraisons actuelles concernent les E175), qui devrait se terminer cette année.
Enfin, le groupe se prépare à déployer le wifi, notamment au fur et à mesure des livraisons de 787, et toute la flotte devrait être équipée en 2020-2021.
L’impérieuse création de Boost
Mais toutes ces améliorations ne suffiront pas et Air France-KLM ressent le besoin d’aller plus loin dans l’amélioration de ses performances. Et elle voit Boost comme un moyen incontournable pour y parvenir chez Air France. La nouvelle compagnie, qui devrait être limitée à dix-huit avions moyen-courrier et dix avions long-courrier selon l’accord présenté aux syndicats de PNT et qui doit être signé d’ici le 24 février, a pour objectif de permettre à Air France de lutter face à la concurrence de compagnies à bas tarifs (low-cost long-courrier, compagnies du Golfe). Le projet prévoit un lancement cette année avec des A340-300, qui doivent à terme être remplacés par des A350, sur des destinations telles que New York (JFK), Osaka et Bangkok, selon des sources syndicales. Mais il rencontre une importante opposition des représentants de pilotes et plus encore de PNC – Boost emploierait des pilotes Air France mais réaliserait de nouveaux recrutements pour son personnel de cabine afin de partir d’une convention collective moins lourde.
Mais Franck Terner, le DG d’Air France, a rappelé qu’il n’y avait pas d’alternative par la création d’un nouveau secteur au sein d’Air France car les efforts de compétitivité demandés dans le cadre de Boost sont plus importants que ceux qui ont été refusés par les personnels jusqu’ici. La seule solution pour lutter face aux compagnies du Golfe, aux low-cost long-courrier, au renforcement d’Eurowings, au mouvement d’IAG pour créer sa low-cost long-courrier, à la demande d’AOC de SAS en Irlande… c’est Boost.
« Dans ce monde qui bouge, qui avance, il est totalement incompréhensible pour le groupe Air France-KLM, et en particulier pour AF, de rester immobile et de ne pas prendre les initiatives qui permettent non seulement de résister mais également de capter une part de la croissance. Parce que s’il y a surcapacité et que la capacité augmente plus que la demande, il y a aussi une assez forte augmentation de la demande que pour l’instant nous ne sommes pas capables de capter. Et c’est tout l’objectif de reprendre l’offensive. Le statu quo aujourd’hui n’est plus une possibilité. »