Une troisième réunion de négociations s’est ouverte cet après-midi entre les pilotes et la direction d’Air France, pour tenter de trouver un accord qui pourrait mener à la levée du préavis de grève déposé le 1er juin. Mais l’issue de la deuxième session laisse peu d’espoir. Les syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter) continuent de juger trop vagues et insuffisantes les propositions qui leur sont présentées et ont renouvelé leur appel à une grève courant du 11 au 14 juin. Renouvelable.
Les points de blocage restent les mêmes, les deux principaux portant sur le périmètre de l’activité d’Air France par rapport à HOP!, Transavia et KLM et sur le non-respect des accords conclus dans le cadre du plan de redressement Transform 2015.
Concernant le périmètre d’activité, les pilotes demandent des garanties sur l’absence de transfert vers HOP! et Transavia et sur le fait que Transavia Europe ne pourra pas desservir la France. Par ailleurs, ils estiment que le partage d’activité entre Air France et KLM n’est pas respecté, au détriment d’Air France. Ils réclament donc de la croissance chez Air France.
Sur ce point, Frédéric Gagey avait expliqué en marge de l’assemblée générale de l’IATA, quelques heures après l’annonce de la grève, qu’il ne fallait pas perdre de vue qu’Air France n’avait connu qu’un seul exercice positif depuis 2009 et qu’il restait encore beaucoup de progrès à faire : « il faut rester prudent. La priorité d’Air France reste son redressement économique. Cela commence à donner des marges de croissance mais il ne faut pas croire qu’on peut s’étendre sans aucune limite. » Et d’ajouter que « perdre de l’argent avec une grève n’est pas le meilleur moyen de favoriser la croissance. Cela risque de la retarder de quelques mois voire quelques trimestres… »
Le PDG d’Air France avait par ailleurs souligné que la compagnie allait investir 1,1 milliard d’euros dans sa flotte (le double de ces dernières années), pour « stabiliser l’outil de travail », notamment remplacer six A320 vieillissants, préparer l’introduction des 787 et refaire les cabines des A330 et A380. Le programme été devrait même profiter d’un investissement un petit peu supérieur à ce qui était prévu : « beaucoup de compagnies annoncent une certaine prudence sur leurs capacités, dont British Airways et Lufthansa. Nous, ce sera plutôt le contraire. Comme nous avions prévu un budget très prudent, nous serons sur un budget en hausse sur le long-courrier cet été. » Initialement, les capacités devaient se réduire de 2,5%.
Concernant le déséquilibre entre Air France et KLM en termes de croissance et de flotte, Frédéric Gagey promet de traiter le sujet en priorité, mais demande pour cela d’attendre la prise de fonction du nouveau PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac : « on ne peut pas décider de l’avenir du groupe sans son président, cela ne se fait pas. » Les discussions ne devraient donc pas avoir lieu avant l’automne, le temps qu’il « prenne [le 4 juillet, ndlr] et embrasse ses fonctions. » Seule l’introduction de six 787 d’ici l’hiver 2017 est confirmée, parallèlement à la sortie des A340-300.
Par ailleurs, les syndicats de pilotes demandent « l’abandon des mesures Transform 2015 appliquées dans le non-respect de l’accord. » Depuis le 1er juin, la majoration des heures de nuit a été abaissée de 50% à 40%, en application des jugements rendus par le tribunal de Bobigny et la cour d’appel de Paris qui ont autorisé la direction d’Air France à imposer la mesure contestée par les syndicats. Un pas a été fait pour tenter d’apaiser les esprits avec une proposition de relever cette majoration à 45%.
Mais ce genre de concession risque de ne pas suffire. Le SPAF les a qualifiées de « minimes et non crédibles. » Le SNPL regrette quant à lui que « encore une fois, les seuls à devoir s’engager fermement sont les pilotes. Nous ne pouvons nous contenter de vagues promesses, tant la confiance en cette équipe fait défaut. »