En 2014, Airbus inaugurait son Customer Definition Center à Hambourg, un centre destiné à aider les clients de ses Airbus A350 à visualiser et personnaliser l’aménagement de leurs cabines.
Cinq ans plus tard, ses compétences se sont étendues aux programmes A320 et A330. Si son succès a été ralenti par la crise sanitaire survenue en 2020, le Customer Definition Center (CDC) a retrouvé un rythme soutenu, comme nous l’a expliqué sa directrice, Hélène Menweg, à la suite d’une visite organisée avec l’association des journalistes aéronautiques (AJPAE).
« Le marché a repris et aujourd’hui la demande des compagnies est revenue au niveau de 2019 et nous sommes désormais à + 20% en matière d’occupation du Centre. Avec le covid et la fin de la pandémie, nous avons assisté à une accélération du renouvellement des flottes ainsi qu’à la volonté des compagnies aériennes d’avoir des appareils plus efficients, non seulement au niveau de leur consommation de carburant mais aussi au niveau de la cabine, pour rendre les opérations plus efficaces. »
Le CDC étant compétent à la fois pour les aménagements d’avions neufs et pour les programmes de reconfiguration, il a donc logiquement vu son activité redécoller très rapidement. Il a en effet su se rendre incontournable. Situé à Hambourg, où se trouve traditionnellement le centre de compétence cabine pour Airbus et en particulier le bureau d’étude cabine et ses milliers d’ingénieurs, il permet de réunir très rapidement dans un seul lieu une compagnie aérienne, ses fournisseurs et les experts de l’avionneur pour travailler sur un projet d’aménagement et répondre rapidement à toutes les questions qui pourraient se poser lors du travail de définition. Ses 10 000 m² d’exposition abritent des salles de travail, un design studio, des maquettes physiques de cabine dans lesquelles différents modèles de fauteuils peuvent être installés en fonction des demandes du client, une maquette d’éclairage, une salle de projection (dans laquelle une ou plusieurs configurations peuvent être projetées au sol simultanément), des outils de réalité augmentée et de réalité virtuelle… « Le CDC est un ensemble d’outils et de méthodes développés pour faciliter le travail autour de la personnalisation de la cabine. Il permet de visualiser les choix, de toucher les matières… », résume Hélène Menweg.
Deux configurations cabine sont projetées au sol simultanément. Image © Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés
Les compagnies aériennes qui y ont recours programment plusieurs visites de quelques jours, lors desquelles elles peuvent profiter de tous ces outils et se faire une idée précise des aménagements envisagés. Parmi les aspects étudiés, l’atelier « éclairage » tient notamment une place prépondérante et peut durer à lui seul une semaine entière pour un avion long-courrier car les choix d’intensité et de couleurs doivent répondre à des problématiques multiples : mise en avant de la marque, amélioration du bien-être à bord en fonction des horaires de vol et des routes, perception des repas servis…
Deux configurations cabine sont projetées au sol simultanément. Image © Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés
Les grandes tendances de l’aménagement cabine
En règle générale, Hélène Menweg n’a pas constaté de grande révolution dans les demandes des compagnies clientes qui visitent le CDC. En revanche, une accélération a pu se produire dans la digitalisation de la cabine, la connectivité en vol et l’automatisation.
L’automatisation notamment est beaucoup mieux acceptée par les voyageurs. « Avant la pandémie, les passagers voulaient une interaction avec un membre du personnel navigant en cabine mais, aujourd’hui, ils acceptent de faire certaines choses tout seuls. » Dans l’aménagement, cela traduit par un intérêt pour les compartiments cuisines self-service par exemple, qui permettent au passager de choisir et de régler directement ses consommations avec son smartphone. Le développement de l’intelligence artificielle influence également celui des produits cabine. « Il s’agit de proposer à bord des publicités ou des offres de services qui vont être personnalisées en fonction de données qui sont disponibles pour le passager, qui correspondent à ses habitudes, ses envies, ses souhaits. Quelque chose qui va l’intéresser voire lui faciliter la vie. » Les développements autour de ce type de services ont commencé bien avant la crise et suscitent un intérêt grandissant, témoigne Hélène Menweg, mais leur mise en place prend beaucoup de temps car il faut créer tout un écosystème et toute une infrastructure. « Airbus en tant qu’OEM et intégrateur est un acteur central mais il n’est pas tout seul. Il y a aussi les fournisseurs d’équipements, la mise en place des satellites, des partenariats pour des offres de service, etc. Il existe une demande très forte des compagnies et une attente côté passagers, notamment pour le secteur long-courrier. Aujourd’hui, 100 % des A350 sont équipés pour pouvoir fournir ce type de connectivité en vol. »
Le CDC ne travaille pas en effet uniquement sur ce qui est visible pour le passager, mais sur vraiment tout ce qui aura un impact sur l’aménagement. Ainsi, dans un monde où une connectivité ininterrompue est devenue la norme, certains passagers s’attendent à pouvoir être tout le temps connectés, y compris dans l’avion. Si une compagnie souhaite offrir ce type de services, ce sera également le travail d’Airbus de rendre la chose possible et d’aider la compagnie à déterminer les équipements et la technologie (antennes) à installer, notamment en cabine.
La mission du CDC : « dérisquer » le processus industriel pour les compagnies et pour Airbus
Tout ce travail a un but : « dérisquer » le processus industriel. « En fonction des décisions que la compagnie aérienne doit prendre, nous proposons des ateliers permettant d’à aller au plus près de la situation réelle, pour que toute décision soit prise en connaissance de cause et qu’il n’y ait pas de surprise plus tard dans le processus industriel. Avoir cet échange au plus tôt dans le processus de définition de la cabine permet de s’assurer de la satisfaction client en lui assurant d’avoir la cabine souhaitée et permet aussi, en sécurisant le processus industriel d’éviter des changements à un stade plus avancé de la production », explique Hélène Menweg. Le travail du CDC commence ainsi dès la signature du contrat et se déroule essentiellement avant le lancement de la production des appareils.
« La compagnie aérienne peut changer de direction au cours du processus, Le CDC permet de découvrir ce changement à un moment où nous pouvons encore éviter des impacts négatifs sur le planning de l’avion. C’est le timing du changement qui est important », conclut-elle.