Eurocontrol a publié une nouvelle mise à jour de ses prévisions quant à l’évolution du trafic européen sur sept ans (2023-2029). L’organisme constate que celui-ci a évolué selon son scénario de base depuis le mois d’octobre 2022 mais quelques ajustements ont pu être faits. Le nombre de vols réalisés en 2023 devrait ainsi être légèrement plus important que prévu il y a six mois, avec 10,4 millions de vols au lieu de 10,2 millions. La demande se maintient en effet et la demande pour les voyages aériens reste forte, notamment au niveau des flux touristiques vers le sud de l’Europe.
Les prévisions restent toutefois similaires pour 2024 et un retour du nombre de vols au niveau de celui de 2019 devrait toujours attendre 2025, avec 11,1 millions de vols anticipés. C’est sur le plus long terme que les choses évoluent. En effet, Eurocontrol a intégré une augmentation du niveau d’incertitude à ses études, lié à l’inflation, à l’évolution du prix du carburant et aux pressions environnementales. Il indique avoir déjà constaté une érosion des vols intérieurs en raison de ces pressions et du développement de l’intermodalité. La croissance annuelle moyenne pourrait ainsi se limiter à 1,5 % (menant à un nombre de vols de 11,7 millions en 2028 au lieu des 11,9 millions initialement prévus).
Eurocontrol craint également que le niveau des risques provoquant de l’incertitude et une baisse de la confiance des consommateurs reste élevé et ne mène le nombre de vols à stagner. C’est ce qu’il dessine dans son scénario le plus pessimiste pour la période 2023-2029, avec un nombre de vols bloqué à 10,6 millions par an à partir de 2024. Ce scénario s’appuie sur un maintien de l’inflation à un niveau élevé et une détérioration des économies, une volatilité des prix du carburant mais aussi une éventuelle escalade des tensions géopolitiques (non prise en compte dans ses prévisions pour le scénario de base). D’autant qu’il n’anticipe aucun retour à la normale dans le domaine des routes aériennes d’ici 2029, avec la fermeture des espaces aériens russes et ukrainiens, et les répercussions sur les pays frontaliers. Dans le cadre du sommet d’A4E la semaine dernière à Bruxelles, les dirigeants de l’association ont d’ailleurs souligné que l’équivalent de 18 % de l’espace aérien européen était actuellement fermé en raison du conflit en Ukraine et des opérations aériennes militaires en lien.
Eurocontrol constate par ailleurs une surperformance des compagnies low-cost par rapport aux compagnies traditionnelles. Elles gagnent en parts de marché et ont fini l’année 2022 avec une part de 32,3 % (contre 32,4 % pour les compagnies traditionnelles).
Au contraire, le secteur tout cargo retrouve son niveau pré-pandémique, sous l’effet combiné de la hausse des vols passagers et de la forte baisse des capacités entraînée par la guerre en Ukraine. Il a une part de marché de 4,2 %.
Enfin, l’aviation d’affaires, qui avait également connu une période en or durant la crise du covid, est également en perte de vitesse. Eurocontrol a relevé que le secteur opérait au-dessous de son niveau de 2021 depuis la fin de l’année 2022. Elle subit la concurrence du retour des vols réguliers mais reste très dynamique puisque sa part de marché est toujours significativement supérieure à celle de 2019 (8,6 % contre 6,2 %).