Lorsque la Russie a décidé de fermer son espace aérien aux compagnies aériennes de l’Union européenne le 28 février, Finnair a perdu un atout majeur. La compagnie finlandaise pouvait en effet se targuer de se trouver sur la route la plus directe pour aller au Japon, justifiant que les passagers n’étant pas particulièrement soucieux d’emprunter une route sans escale choisissent de passer par Helsinki sans perdre trop de temps pour leur voyage. Ne pouvant pas renoncer à desservir l’Asie, la compagnie a décidé de renouer avec de vieilles habitudes oubliées : emprunter la route du pôle Nord. Elle raconte les préparatifs qui lui ont permis de remettre en place sa ligne entre Helsinki et Tokyo Narita le 9 mars dernier.
C’est Riku Kohvakka qui a été chargé de la planification du nouvel itinéraire. L’une des difficultés qu’a rencontrée son équipe a été d’intégrer la fermeture de l’intégralité de l’espace aérien russe dans le système de planification. « Alors que les fermetures d’espace aérien pour diverses raisons font partie du quotidien des planificateurs de vol, ce changement était si exceptionnel que le système a eu besoin d’un guidage manuel sous la forme de points de passage alternatifs, pour démarrer et créer un itinéraire alternatif », explique-t-il.
Il a fallu également vérifier si les informations sur les territoires survolés et les procédures de dégagement devaient être mises à jour, et s’assurer que les aéroports de déroutement (en Scandinavie, au Canada, en Alaska), nouveaux pour les opérations de Finnair, pouvaient être utilisés par la flotte de la compagnie. Elle souligne que la flotte a également besoin d’une modification de ces capacités ETOPS pour emprunter la route polaire. Aleksi Kuosmanen, commandant A350 et directeur adjoint de la flotte, explique que les « dix derniers A350 sont certifiés ETOPS 300 ; l’adoption de cette norme a nécessité certains travaux réglementaires et la mise à jour des procédures de maintenance correspondantes. »
La planification a bien sûr également porté sur les nouvelles caractéristiques opérationnelles (temps de vol, charge utile, consommation de carburant, frais de navigation), afin de rendre cette nouvelle liaison la plus performante possible. En effet, elle ajoute environ trois heures de vol entre Helsinki et Tokyo par rapport à la route transsibérienne. De même, les équipes se sont attachées à documenter dans le détail la nouvelle route pour les pilotes.
« Ce qui est bien planifié est à moitié accompli », professe Aleksi Kuosmanen. Et de fait, le premier vol vers Tokyo passant par le pôle s’est déroulé sans accroc, presque trente ans après qu’il a été abandonné. « La seule différence notable est que le bon vieux compas magnétique que nous avons dans le poste de pilotage s’est un peu détraqué. »
En fonction des vents, Finnair pourra également être amenée à utiliser la route du sud (par l’Asie centrale) pour rejoindre le Japon.