Le secteur ultra-low-cost va bientôt avoir un nouveau géant. Frontier Airlines et Spirit Airlines ont annoncé le 7 février avoir signé un accord définitif de fusion. La transaction a été approuvée à l’unanimité par les conseils d’administration des deux compagnies mais doit encore être validée par les autres parties prenantes et les autorités. Elle devrait ainsi pouvoir être finalisée au second semestre de cette année. La compagnie combinée qui en résultera sera la cinquième plus importante des Etats-Unis en termes de capacités – Spirit et Frontier occupant actuellement les septième et huitième places respectivement.
Pour le moment, l’identité de la future compagnie, sa direction et son siège ne sont pas déterminés. Son conseil d’administration sera toutefois composé de douze membres, sept nommés par Frontier et cinq par Spirit. Il sera présidé par Bill Franke (en tant que chairman), le fondateur et dirigeant du groupe Indigo Partners, qui détient Frontier Airlines.
La combinaison des deux ultra-low-cost créera un transporteur avec un chiffre d’affaires potentiel de 5,3 milliards de dollars (selon les résultats annuels 2021 qu’elles ont publié en même temps que l’annonce de fusion). Les dirigeants estiment par ailleurs que des synergies annuelles d’un montant de 500 millions de dollars pourront être dégagées dès que la fusion sera réalisée, grâce à des économies d’échelle et d’approvisionnement.
La transaction doit se faire par échange d’actions, les actions de Spirit Airlines étant échangées contre des actions Frontier. L’accord proposé valorise Spirit à 2,9 milliards de dollars (capitaux propres) mais la transaction est évaluée à 6,6 milliards de dollars, avec la prise en compte des dettes et des passifs de location. A l’issue de cette transaction, la nouvelle compagnie sera détenue à 51,5% par des actionnaires de Frontier et à 48,5% par des actionnaires de Spirit.
Le projet vient également tout juste d’être présenté aux salariés des deux low-cost. Elles estiment que vu la taille et la croissance à venir de la future nouvelle compagnie, toutes les équipes actuelles pourront rester au sein de l’entreprise et que les opportunités d’évolution vont se multiplier. Par ailleurs, plus de 10 000 emplois directs pourraient être créés d’ici 2026.
© Frontier Airlines et Spirit Airlines
Une flotte et un réseau très complémentaires
Frontier et Spirit ne doutent pas en effet qu’elles pourront grandir plus vite ensemble. L’intégration devrait être facilitée par le fait que leurs flottes sont similaires (basées sur la famille Airbus A320) et en cours de modernisation, donc de plus en plus performantes. La compagnie de Denver comptait en effet 110 monocouloirs d’Airbus à la fin de l’année 2021 (dont 73 A320neo), tandis que celle de Fort Lauderdale en exploitait 173 (dont 48 A320neo). Leur carnet de commandes combiné auprès d’Airbus dépasse les 350 appareils (31 A319neo, 118 A320neo, 202 A321neo) et leur flotte pourrait augmenter de 76% d’ici 2026 (à 493 appareils), selon leur plan de croissance. A cette date, elle sera constituée à 79% d’avions de nouvelle génération (contre 43% actuellement).
Leur positionnement sur le marché ultra-low-cost devrait aussi renforcer leur croissance, les voyages loisirs ayant été les premiers à reprendre et connaissant une demande importante. Elles pensent cependant avoir recours à une stimulation du marché par les prix pour accélérer le retour des voyageurs. Leur positionnement principalement centré sur les Etats-Unis est également une force, puisqu’il s’agit de l’un des marchés les plus dynamiques au sortir de la crise.
A elles deux, elles peuvent proposer, dans leur situation actuelle, plus d’un millier de vols quotidiens vers plus de 145 destinations dans dix-neuf pays, avec plus de 650 routes sans escale. Leurs réseaux sont assez complémentaires du fait de leur implantation, Frontier étant basée au Colorado donc davantage présente dans l’ouest des Etats-Unis, et Spirit à Fort Lauderdale, avec une spécialisation sur les destinations ensoleillées du sud-est des Etats-Unis et de la mer des Caraïbes. Les routes qu’elles exploitent toutes les deux verront un ajustement des programmes de vol pour accentuer la concurrence avec les quatre majors américaines.
Enfin, elles estiment aussi que leur rapprochement leur permettra de réussir sur des liaisons plus petites, qu’elles avaient précédemment dû abandonner en raison de leur manque de rentabilité.
© Frontier Airlines
© Spirit Airlines