L’Union des aéroports français et francophones associés (UAF&FA) jette un regard nuancé sur le bilan de 2019. Les aéroports français ont en effet de nouveau battu un record de trafic mais la croissance a tendance à décélérer depuis deux ans, avec un ralentissement particulièrement marqué au second semestre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que 2020 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, l’épidémie de coronavirus ayant complètement cassé la dynamique.
« La psychose qui entoure cette épidémie produit des effets désastreux sur le secteur », s’inquiète Thomas Juin, le président de l’association. « Le transport aérien dévisse. » Les aéroports ont en effet déjà constaté une baisse de trafic de 20% en moyenne début mars, avec des différences marquées entre les plateformes selon le profil de destinations auquel elles sont reliées, et le taux de réservations long-courrier vers l’Europe est en chute de 79%. « Ce qui m’inquiète, c’est que nous entrons dans la saison aéronautique forte : le printemps-été, c’est traditionnellement la période faste du transport aérien et nous y entrons avec -20%. Tout ce qui est perdu ne sera pas rattrapé. »
La chute de la demande s’accompagne d’ajustements des programmes de vol des compagnies aériennes et l’UAF craint de nouvelles défaillances de transporteurs, à la suite de celle de Flybe. « L’impact économique s’annonce terrible, sérieux. Je ne sais pas combien de temps durera cette crise sanitaire mais le transport aérien mettra du temps à s’en remettre et les aéroports et les territoires vont en pâtir en termes de connectivité. »
L’UAF demande donc des mesures du gouvernement pour protéger le secteur, comme un report du paiement des charges sociales et de la fiscalité, voire la suspension de la fiscalité spécifique au transport aérien (notamment la dernière taxe « environnementale » adoptée l’année dernière). A ce sujet, Jean-Baptiste Djebarri doit rencontrer les acteurs du secteur le 11 mars pour déterminer quelles actions de soutien seront adoptées.
« Quoiqu’il arrive, l’année 2020 s’annonce bien plus sombre que 2019 », conclut Thomas Juin. Pourtant, l’UAF avait comptabilisé 214 millions de passagers l’année dernière, une hausse de 3,8% par rapport à 2018 et un nouveau record qui témoigne d’une activité toujours dynamique. La croissance est toutefois en décélération puisqu’elle était de 4,8% en 2018 et de 5,7% en 2017, un phénomène qui s’observe également dans le reste de l’Europe. Le nombre de mouvements continue de croître plus lentement (+1,5%), ce qui entraîne une nouvelle amélioration de l’emport moyen, à 109 passagers par avion (+2,2%).
La croissance conserve un profil similaire aux années précédentes, étant tirée par le trafic international (+4,6%) et le trafic low-cost (+6,9%). On constate une performance particulièrement bonne des grands aéroports régionaux, où le trafic augmente de 6,9%, notamment grâce à l’ouverture de nouvelles bases low-cost. Ils ont contribué à hauteur de 58% à la croissance générale du trafic. En revanche, les aéroports de proximité restent à la traîne, avec un trafic qui stagne.
La crise liée au Covid-19 n’a pas détourné les aéroports français d’une autre problématique qui s’impose sur du bien plus long terme : le développement durable. Dans ce domaine, les efforts se poursuivent. L’UAF va travailler à ce que tous les aéroports français s’engagent dans le programme ACA (Airport Carbon Accreditation) d’ici 2022, atteignent le niveau 3+ en 2030 (0 émission de carbone avec compensation) puis le 0 émission nette (sans compensation) en 2050. Dans ce cadre, l’association va mettre en oeuvre le programme Engagements des aéroports pour la sobriété énergétique et l’environnement (EASEE), qui servira de levier pour entraîner dans la démarche les aéroports ayant moins de moyens.