L’Europe vient d’apporter un bol d’air aux aéroports européens. L’eu-LISA, l’entité chargée de la gestion opérationnelle des systèmes informatiques à l’échelle communautaire, a annoncé la semaine dernière le report de plusieurs mois de la mise en oeuvre du système EES (Entry/Exit System). Elle a en effet jugé que « l’entrée en service prévue pour mai 2023 n’est plus réalisable en raison des retards des fournisseurs ». Elle devrait décider en mars d’une nouvelle échéance qu’elle espère à la fin de l’année.
Cette annonce a été très favorablement accueillie par toute l’industrie du transport aérien, l’IATA, l’ACI Europe, A4E (Airlines for Europe) et l’ERA (l’association des compagnies régionales européennes) ayant salué d’une même voix la décision.
L’EES devait initialement être mis en place pour mai 2023. Il s’agit d’un nouveau système de contrôle d’identité aux frontières, qui enregistre les ressortissants de pays tiers voyageant pour un court séjour ou sans visa à chaque fois qu’ils franchissent les frontières extérieures des pays européens. Concrètement, les voyageurs devront scanner leur document de voyage à une borne automatique chaque fois qu’ils franchiront une frontière extérieure de l’Union européenne : leurs nom, données personnelles, données biométriques et la date d’entrée et de sortie seront enregistrés (et conservés trois ans). Remplaçant le tamponnage des passeports et automatisant les procédures de contrôle, il doit permettre de renforcer la sécurité aux frontières de l’Europe (en facilitant l’identification des voyageurs n’ayant pas le droit d’entrer ou la détection de fausses identités) et de faire gagner du temps aux voyageurs en aéroport.
Cependant, cela fait plusieurs mois que les différents acteurs du transport aérien alertaient sur l’impréparation générale à la mise en oeuvre du système dans les aéroports et le danger que cela représentait de vouloir le rendre opérationnel en plein démarrage de la saison été sans avoir pu pleinement le tester. « Un certain nombre de problèmes doivent être résolus pour assurer un déploiement et un fonctionnement sans heurts du nouveau système, afin que les passagers aériens ne subissent pas de perturbations », affirment les quatre associations dans un communiqué commun.
Elles évoquent notamment le besoin d’une « adoption plus large et une mise en oeuvre efficace de l’automatisation aux points de passage frontaliers nationaux par les autorités nationales ». Elles demandent aussi l’assurance du financement des Etats membres et du déploiement d’un nombre suffisant de personnel qualifié et de ressources pour gérer les frontières, tout comme le déploiement des ressources nécessaires au sein des aéroports et des compagnies aériennes pour soutenir la mise en oeuvre du système. Enfin, elles estiment qu’une campagne de communication devrait être menée pour informer les futurs passagers concernés par l’EES des nouvelles exigences auxquelles ils devront se soumettre.
Si elles s’étaient montrées très inquiètes au sujet de l’application de l’EES dès le mois de mai, les associations considèrent ce système comme une grande avancée pour le transport et la sécurité en Europe. Elles appellent maintenant l’eu-LISA à utiliser le semestre supplémentaire que laisse le report pour renforcer ses échanges avec l’industrie et ses partenaires (notamment les Etats-Unis) et s’assurer que leurs systèmes informatiques seront compatibles et connectés à temps, que les ressources adéquates seront débloquées et que le système sera convenablement testé avant son introduction.