Les compagnies régionales européennes se meurent lentement depuis quelques années et l’arrivée de la crise liée à la pandémie de coronavirus pourrait bien abréger leur souffrance au cours des tout prochains mois. La faillite de Flybe début mars en a été le plus marquant révélateur, mais la disparition de l’une des plus importantes compagnies régionales du continent ne sera hélas pas un cas unique.
En Allemagne déjà, la compagnie LGW (Luftfahrtgesellschaft Walter), connue sous la marque German Airways, a déposé son bilan le 22 avril auprès du tribunal de Düsseldorf suite à l’annulation sans préavis du contrat d’affrètement avec équipages qui la liait à Eurowings, filiale du groupe Lufthansa. LGW a précisé qu’il n’existait plus aucune perspective économique positive durable pour la compagnie, ses 15 Dash 8-400 étant désormais immobilisés à Bratislava (Slovaquie).
En Irlande, le groupe Stobart a d’ailleurs senti la menace et pris les devants en annonçant le rachat à Connect Airways de la compagnie Stobart Air (ex-Aer Arann) ainsi que Propius, la société de leasing qui lui loue ses huit ATR, afin de pérenniser l’accord d’affrètement avec Aer Lingus durant la crise liée à la pandémie.
La France n’est pas épargnée et la situation de la compagnie HOP inquiète encore davantage aujourd’hui, alors que le groupe Air France-KLM va accélérer la restructuration du réseau domestique d’Air France (200 millions d’euros de pertes par an) en se penchant en particulier sur les lignes assurées depuis Paris-Orly ainsi que sur les lignes transversales entre les régions. La transformation de HOP pourrait être particulièrement importante, alors que sa flotte a déjà beaucoup évolué ces deux dernières années avec notamment le retrait des ATR. HOP dispose aujourd’hui de 69 appareils : 31 E170/190, 13 ERJ145 et 25 CRJ 700/1000.
L’appel au secours de l’ERA pour éviter « l’effondrement total du secteur »
L’ERA (European Regions Airline Association), qui regroupe plus d’une soixantaine de compagnies aériennes régionales, a bien compris les menaces qui pèsent désormais sur ce type d’opérateurs, souvent plongés dans l’ombre des grands transporteurs du continent. Dans une lettre ouverte destinée à toutes les institutions européennes et à tous les États membres publiée le 27 avril, l’ERA plaide ainsi pour une aide urgente et rapide pour sauver ses membres et éviter « l’effondrement total du secteur ».
Montserrat Barriga, la Directrice générale de l’association rappelle d’ailleurs que les compagnies régionales européennes sont pour la plupart des petites et moyennes entreprises et qu’elles offrent une connectivité vitale pour de nombreuses régions du continent et notamment pour des régions périphériques et les îles éloignées. L’ERA souhaite ainsi qu’un soutien financier soit aussi déclenché pour les compagnies aériennes régionales, avec par exemple le même accès à des aides ou à des prêts garantis que pour les grandes compagnies aériennes, comme cela a d’ailleurs été fait récemment en Norvège avec la compagnie Widerøe. Elle précise cependant que ces aides doivent atteindre tous les opérateurs de manière égale et surtout les compagnies les plus vulnérables pour ne pas fausser la concurrence.
« Les grandes compagnies aériennes survivront grâce aux aides d’État que seuls les pays les plus riches sont en mesure d’offrir, mais les petites compagnies aériennes seront, dans le meilleur des cas, rachetées par elles à moyen terme » s’inquiète Montserrat Barriga.
La Directrice générale de l’ERA cite aussi comme solution un amendement temporaire du tant décrié règlement EU261 pour faire en sorte que les compagnies puissent différer les remboursements aux passagers sur une durée d’un an, ou d’avoir la possibilité de transformer ces remboursements payés en cash par des bons remboursables.