La situation des aéroports français est encore très mitigée. L’UAF (Union des aéroports français) a indiqué que ses membres avaient accueilli 90,7 millions de passagers en 2021, une belle amélioration de près de 30% par rapport à 2020 mais toujours en chute de 57,7% par rapport à 2019. Des chiffres jugés encore catastrophiques pour la profession.
Les aéroports ont connu un premier semestre au niveau de l’année 2020 et un second semestre beaucoup plus dynamique grâce à la levée des quarantaines et la mise en place du passe sanitaire. Les plateformes régionales (accueillant plus d’un million de passagers) et des territoires d’outre-mer sont celles qui ont enregistré les résultats les moins mauvais, leur chute étant limitée à 40,6% et 48,2% respectivement par rapport à leur niveau de 2019, tandis que les plateformes parisiennes perdent 61,2% en raison de leur exposition au trafic international. La situation dans les plus petits aéroports régionaux est quant à elle assez disparate, Figari ayant profité du dynamisme de la destination Corse tandis que les aéroports dépendants des sports d’hiver et des voyageurs britanniques ont souffert.
Pour le moment, l’UAF s’aligne sur les prévisions de trafic de l’ACI Europe et de la DGAC pour 2022, qui estiment que celui-ci pourrait flirter avec les 70% de son niveau de 2019. L’offre estivale est en effet très encourageante, portée par les compagnies low-cost (qui ont augmenté leur part de marché à 39% en 2021), et concernant principalement les lignes transversales et moyen-courrier, dépassant même parfois l’offre de 2019. Le syndicat s’inquiète toutefois du niveau de la demande. Il ne s’attend pas à une reprise des voyages d’affaires avant 2023 et s’interroge sur l’ampleur du retour des voyages de loisir au vu des incertitudes actuelles. Il souligne également qu’un danger pèse sur les régions les plus enclavées, concernées par les délégations de service public. Les critères mis en place pour la desserte de ces lignes peuvent désormais apparaître trop contraignants au vu de la faiblesse du trafic et de la restructuration du réseau régional d’Air France, et demandent à être revus pour attirer des opérateurs.
Plusieurs autres sujets de préoccupation ont également été soulevés. Tout d’abord, la guerre en Ukraine devrait avoir « des conséquences extrêmement lourdes que nous ne mesurerons pas aujourd’hui » sur le transport aérien en entraînant un renchérissement de ses coûts qui ne sera pas maîtrisé, donc remettant en question la rentabilité des lignes et la connectivité en général, estime Thomas Juin, le président de l’UAF. « C’est une situation que nous ne pensions pas vivre à la sortie d’une crise où compagnies aériennes et aéroports ont essuyé des pertes sans précédent. »
Par ailleurs, l’UAF soulève à nouveau la question du financement de la sûreté aéroportuaire, financée par la taxe d’aéroport (rebaptisée T2S et fusionnée avec la taxe Chirac et la taxe de l’aviation civile au sein de la taxe sur le transport aérien de passagers). Avec la chute du trafic, les recettes liées à cette taxe ont chuté d’autant alors que les aéroports ont suppoté les coûts. Pour les soulager, l’Etat leur a octroyé des avances pour un montant de 700 millions d’euros, remboursables à partir de 2024. L’UAF estime qu’il manque 130 millions d’euros et souligne que les aéroports devront également financer le milliard d’euros par an que coûtent la sécurité et la sûreté aéroportuaires. Le risque d’une explosion de la taxe d’aéroport est donc imminent (elle a déjà augmenté d’un euro en 2022), ce qui est un danger au moment où les aéroports ont besoin d’être plus compétitifs. L’UAF demande donc que ces avances soient transformées en subvention.
Enfin, les aéroports s’inquiètent de la mise en place du système Entrée-Sorties européen, qui impose des contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’Europe. Repoussée au 1er octobre pour éviter les perturbations durant le pic de la saison été, elle pourrait entraîner un temps de traitement en aéroport deux voire trois fois plus long pour chaque passager concerné, d’autant que le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’il n’y aurait pas d’effectifs supplémentaires affectés à ces contrôles. L’UAF réclame donc la suppression des contrôles pour les vols intra-européens, la possibilité d’utiliser au maximum les technologies de contrôle pour éviter le passage aux aubettes et une simplification des procédures là où c’est possible.