Schiphol continue d’explorer les pistes de sa transformation pour devenir plus propre et moins bruyant. Sa mesure-phare, la limitation du nombre de vols annuels, a été refusée par un tribunal néerlandais le 5 avril. Qu’à cela ne tienne, l’aéroport d’Amsterdam avait dévoilé la veille un plan de réduction du bruit et de la pollution basé notamment sur l’interdiction des vols de nuits et de l’aviation d’affaires, ainsi que l’abandon du projet de nouvelle piste.
La décision qui attise les tensions depuis plusieurs mois est celle d’abaisser la limitation du nombre de vols annuels à l’aéroport. Le projet initial est de le réduire de 500 000 à 440 000 mais une limitation à 460 000 était envisagée dès le 1er novembre 2023. Deux procédures judiciaires ont été lancées, par KLM d’une part, avec le soutien de Delta Air Lines, Corendon, TUI et easyJet, et par l’IATA d’autre part, avec celui d’Air Canada, United Airlines, FedEx, JetBlue, British Airways, Vueling, Lufthansa et Airlines for America.
La justice néerlandaise s’est prononcée contre cette mesure, reconnaissant l’argument soulevé par ses détracteurs, à savoir qu’elle allait à l’encontre de la réglementation européenne. Celle-ci reconnaît le droit d’un aéroport à décider de réduire le nombre de ses vols pour réduire la pollution mais uniquement en dernier recours, après que toutes les autres solutions alternatives pour y parvenir ont été considérées.
Fin des vols de nuit et des vols privés et d’affaires d’ici 2025-2026
Ces solutions alternatives ont été dévoilées le 4 avril. Schiphol a en effet présenté un plan de réduction de la pollution, du bruit et de revalorisation du travail des personnes employées sur la plateforme.
La première mesure est l’instauration d’un couvre-feu. Schiphol ne veut plus de décollage depuis l’aéroport entre minuit et 6h du matin, et plus d’atterrissage entre minuit et 5h du matin. Cela concerne un millier de vols par an. Il souhaite également mettre progressivement en place des critères plus stricts sur le bruit des appareils, afin de peu à peu bannir les plus bruyants de la plateforme.
Par ailleurs, une interdiction des jets privés et des petits avions d’affaires est à l’étude. La direction de l’aéroport estime que ces vols engendrent des émissions de CO2 et sonores disproportionnées par rapport aux avions commerciaux, souvent pour se rendre dans des destinations correctement desservies par l’aviation commerciale et, dans 30 % à 50 % des cas, pour se rendre dans des destinations de vacances. Seules les opérations de service public (police, ambulance) seraient autorisées.
Ces seules mesures permettraient de réduire de 16 % le nombre de personnes subissant des nuisances extrêmes de l’aéroport et de 54 % le nombre de celles subissant des perturbations importantes du sommeil. Le secteur fret sera également concerné par l’interdiction des vols de nuit et l’exigence d’exploiter des appareils adaptés à des normes de bruit plus strictes, même si l’aéroport souhaite continuer de lui garantir ses 2,5 % des créneaux.
Schiphol a également annoncé l’abandon de son projet de piste supplémentaire, parallèle à la Kaagbaan (piste 06-24) au sud-est. Il souligne que le gouvernement peut libérer les terrains réservés sur les villes concernées.
« Schiphol relie les Pays-Bas au reste du monde. Nous voulons continuer à le faire, mais nous devons le faire mieux. La seule façon d’aller de l’avant est de devenir plus silencieux et plus propre plus rapidement. Pendant trop longtemps, nous avons pensé à la croissance, mais pas assez à son impact. Nous devons être durables pour nos employés, l’environnement local et le monde. Je suis conscient que nos choix peuvent avoir des conséquences importantes pour l’industrie aéronautique, mais ils sont nécessaires. Cela montre que nous sommes sérieux », a déclaré Ruud Sondag, le directeur général de Royal Schiphol Group, en assurant que les compagnies aériennes seront consultées sur les mesures à prendre.