L’insolente santé des majors américaines avait presque réussi à faire oublier l’existence du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Mais celle-ci se rappelle désormais à notre souvenir : Republic Airways a annoncé le 25 février qu’elle s’était placée sous la protection de cette loi en raison des difficultés financières induites notamment par ses problèmes de recrutement de pilotes.
Cela fait quelques temps maintenant que la compagnie tente de revoir contrats et opérations pour maintenir sa rentabilité face à ce problème. « Depuis plusieurs mois, nous avons essayé de renégocier nos engagements sur les avions délaissés – à cause d’une pénurie de pilotes au niveau national – et d’augmenter nos recettes. Il est clair que nous sommes arrivés à une impasse et que tout atermoiement supplémentaire gâcherait inutilement des ressources précieuses pour l’entreprise », indique Bryan Bedford, le PDG du groupe. Republic Airways a en effet été contraint de clouer au sol une partie de sa flotte durant plusieurs trimestres.
La première raison avancée est cette pénurie de pilotes qui touche le secteur régional aux Etats-Unis. Le métier a perdu de son prestige, les salaires commençant relativement bas, et la nouvelle régulation de 2013 sur la formation du personnel navigant technique (entrée en vigueur en 2014) a ajouté des obstacles au recrutement. En effet, depuis cette date, les copilotes doivent détenir un certificat ATP (Airline Transport Pilot) pour voler et non plus un certificat de pilote commercial. La différence est grande : ils doivent avoir cumulé 1 500 heures de vol au lieu de 250 heures précédemment. D’où une raréfaction des candidatures. En 2014 déjà, Republic avait laissé expirer des contrats de leasing pour cette raison.
Par ailleurs, les compagnies américaines suivent une tendance mondiale qui consiste à privilégier les opérations des appareils les plus capacitaires aux dépens des plus petits. En l’occurrence des ERJ145 – dont nombreux sont ceux cloués au sol – et des Q400, qui doivent sortir d’ici la fin de l’année (une partie d’entre eux sera reprise par Flybe).
Pour compenser cette perte d’activité, Republic a tenté de renégocier ses contrats de capacités – elle en a signé avec les trois grandes compagnies American Airlines, Delta Air Lines et United Airlines – en vain. La protection du chapitre 11 lui permettra d’annuler ses accords les moins intéressants et de mettre fin à ses contrats de leasing sans devoir verser de pénalités.
Opérant sous le poids d’une dette de 2,97 milliards de dollars, elle exploite une flotte de plus de 240 appareils, composée de Q400, ERJ 145, mais surtout d’E170 (73 exemplaires) et d’E175 (117 exemplaires) d’Embraer, exploités par ses deux entités Republic Airlines et Shuttle America. Elle détient encore des commandes pour plus d’une cinquantaine d’E175, et pour quarante CS300 (et autant d’options) de Bombardier. Cette dernière est toutefois en sursis depuis 2014. A cette date, Republic Airways avait expliqué que le CSeries n’avait pas sa place dans la stratégie de recentrage de ses activités sur les vols régionaux. Le groupe privilégiait l’option d’une revente des appareils, les pénalités d’annulation d’une commande ferme étant trop élevées. Un problème qui ne se pose plus désormais.