La phase de tests est terminée. Après deux ans de travail conjoint pour tester et optimiser OptiClimb, Transavia est devenue la première compagnie aérienne à adopter cette solution développée par Safety Line à une échelle industrielle. Le contrat entre les deux sociétés a été signé le 18 décembre dans les bureaux de Transavia et la mise en oeuvre d’OptiClimb à l’échelle de la flotte sera effective d’ici le lancement de la prochaine saison été IATA.
Durant ces deux ans d’essais, une vingtaine de commandants de bord de Transavia France ont préparé 2 000 vols en s’appuyant sur les données d’OptiClimb afin d’optimiser l’utilisation de leurs 737 en phase de montée. Le gain va jusqu’à 80 kg de carburant économisé sur chaque vol – soit plus que le cumul de toutes les bonnes pratiques mises en oeuvre par la compagnie aérienne pour réduire sa consommation et son empreinte environnementale (l’approche lissée par exemple). Transavia vise ainsi une réduction de 2 000 tonnes de sa consommation en 2018.
OptiClimb est une solution qui trouve toute son utilité dans la phase de préparation des vols. Pierre Jouniaux, le CEO de Safety Line, ancien pilote de Vietnam Airlines et ancien enquêteur du BEA, nous en a expliqué le principe et ses deux phases. Chaque avion a une histoire et des performances qui évoluent selon sa vie opérationnelle propre. Safety Line recueille donc les données sur 200 vols récents et construit un modèle. Puis, pour chaque vol, OptiClimb combine le profil de l’appareil avec les conditions opérationnelles (météo, vent, masse…) et un algorithme d’optimisation détermine le profil de vol le plus efficace.
La première phase, celle « d’apprentissage », est réitérée tous les trois ou quatre mois pour mettre à jour les données avion – par exemple intégrer l’information qu’un moteur a été changé le cas échéant. Ainsi, OptiClimb tient compte du vieillissement et des baisses de performances des appareils. De même, grâce à son partenariat avec Panasonic Weather Solutions, Safety Line est capable d’utiliser les données de vent, contrairement au FMS, et permet à l’opératrice d’adapter sa vitesse selon les profils de vent tous les 1 000 pieds.
A l’arrivée, « nous arrivons à faire mieux aujourd’hui en termes d’optimisation avec des applications qui ne sont pas fournies par l’avion », commente Emmanuel Cachia, directeur des opérations aériennes et commandant de bord chez Transavia, qui a piloté le projet au sein de la compagnie.
Fidèle à son image de compagnie engagée auprès des start-ups, Transavia est une partenaire de la première heure de Safety Line et a très vite accepté de travailler avec elle pour tester et améliorer OptiClimb. Parmi les contributions de la low-cost se trouvent l’idée de fournir deux vitesses (au lieu d’une comme dans le FMC), d’intégrer la météo et l’établissement d’une méthodologie de mesure des économies pour que les clients puissent évaluer les économies effectives. Et les retours ont été très bons dès la première saison de tests, ce qui a poussé Transavia France à reproduire l’expérience une saison supplémentaire.
Par ailleurs, elle a impliqué sa consoeur néerlandaise. Si les essais n’ont débuté qu’il y a six mois chez Transavia Pays-Bas, ils ont déjà concerné un millier de vols (contre 2 000 chez Transavia France). Là aussi, les équipes ont été convaincues et un accord similaire doit être signé d’ici la semaine prochaine pour une mise en place d’OptiClimb à partir de février, là encore pour la saison été. « Il fallait que les deux compagnies soient à bord car cela amène une modification de la documentation opérationnelle et on recherche une homogénéité au sein du groupe », explique Emmanuel Cachia.
Transavia est le premier succès d’OptiClimb mais la solution de Safety Line est en évaluation auprès de 22 compagnies aériennes actuellement, à des stades plus ou moins avancés, non seulement en France mais aussi partout dans le monde (Etats-Unis, Asie-Pacifique, Moyen-Orient…). Et la start-up est elle aussi toujours en phase ascensionnelle puisqu’elle travaille à élargir son champ de compétences à la croisière. Là encore, Transavia France figurera en pôle position pour tester et ajuster la solution.