Wow Air a annoncé la suspension de ses opérations le 28 mars. La low-cost islandaise connaissait de graves difficultés financières depuis plusieurs mois et cherchait un repreneur mais les négociations ont échoué la semaine dernière. N’ayant plus aucune solution en vue, elle a annulé tous ses vols.
C’est ainsi que se dénoue une longue période d’incertitude chez Wow Air. Lancée en 2011 par l’entrepreneur islandais Skúli Mogensen, la compagnie avait grossi rapidement (grâce au rachat d’Iceland Express dès 2012) mais relativement prudemment et s’était spécialisée sur les vols transatlantiques low-cost.
Son modèle était un petit peu particulier, recourant aux codes du low-cost avec l’exploitation d’une flotte de monocouloirs (Airbus en l’occurrence) pour réaliser uniquement des opérations moyen-courrier mais reposant en parallèle sur l’utilisation de sa base de Keflavik comme un hub pour proposer des liaisons long-courrier (avec escale, voire stop-over) à ses passagers. Elle en a un petit peu dévié lorsqu’elle a introduit des A330 dans sa flotte, qui lui ont permis d’aller plus loin aux Etats-Unis et d’augmenter les capacités sur ses lignes européennes lorsque la demande était particulièrement soutenue (notamment sur Paris). Elle avait prévu de s’en détourner encore en lançant des vols vers l’Inde.
Mais l’année 2018 a été particulièrement difficile pour la compagnie. Devant faire face à une concurrence très soutenue sur l’Atlantique nord, qui offre souvent des vols directs, elle a également subi de plein fouet la hausse des prix du carburant sur les dix premiers mois de l’année, n’étant pas appliqué de politique de couverture.
Alors que ses difficultés devenaient de plus en plus visibles, notamment en raison de ses retards dans le paiement de ses redevances aéroportuaires, elle s’est rapprochée d’Icelandair au mois de novembre. Un accord préliminaire prévoyant une acquisition de la low-cost par la compagnie nationale islandaise via un échange d’actions avait été conclu au début du mois puis abandonné trois semaines plus tard, Icelandair doutant que Wow Air soit capable de remplir les conditions de cet accord à temps et refusant de reporter l’échéance.
Déjà à ce moment la situation était critique pour la low-cost. Skúli Mogensen avait en effet déclaré alors : « Je peux vous assurer que nous prenons toutes les mesures possibles pour assurer la continuité des opérations de Wow Air. Nous en sommes là et j’espère que nous trouverons une solution acceptable. »
Cette solution potentielle a immédiatement surgi avec une déclaration d’intention de reprise par le fonds d’investissements Indigo Partners. Il proposait d’acquérir 49% de la compagnie, un investissement qu’il avait récemment réévalué de 75 à 90 millions de dollars. Les négociations ont été longues, prolongées puis finalement abandonnées le 22 mars. Entre temps, la flotte a été réduite de vingt à sept appareils – les A330 ont été les premiers à la quitter et plusieurs A321 ont été vendus à Air Canada.
Le groupe Icelandair est alors de nouveau entré en scène, désireux de s’appuyer sur le droit de la concurrence relatif à la défense de l’entreprise défaillante et de montrer qu’une reprise ne nuirait pas à la concurrence puisque l’entreprise ferait faillite autrement. Il promettait un accord rapide, le 26 mars au plus tard, mais les discussions ont avorté dès le 24.
La suspension des opérations de Wow Air va porter un coup très dur à l’économie islandaise. Au dernier trimestre 2018, alors que les difficultés des deux compagnies nationales étaient apparues au grand jour, le gouvernement islandais avait travaillé sur un plan d’urgence en cas de faillite de l’une des deux. Celle de Wow Air pourrait lui coûter 3% de PIB et faire chuter encore la valeur de la couronne islandaise.