La conquête spatiale est à l’honneur en ce mois de juillet. C’est le cas naturellement avec les 50 ans de la mission Apollo 11, mais aussi avec la préparation du programme Artemis. Le 20 juillet, à l’occasion de la célébration du premier pas de l’homme sur la Lune, le vice-président des Etats-Unis Mike Pence a annoncé que l’assemblage du vaisseau Artemis 1 a été achevé au Centre spatial Kennedy (Floride) de la NASA. Le programme est désormais focalisé vers la tenue du premier vol sur le lanceur géant SLS l’an prochain, mais des incertitudes calendaires persistent.
C’est un pas décisif qui a été accompli ces derniers jours dans le Neil Armstrong Operations and Checkout Building du Centre Spatial Kennedy, plus exactement dans la cellule d’Assemblage final et de tests système (FAST) de ce bâtiment historique qui accueillit autrefois les vaisseaux Gemini et Apollo. Les équipes de Lockheed Martin et de la NASA y ont achevé l’assemblage du module de commande – la capsule Orion, conçue pour abriter l’équipage lors des missions habitées – avec le module de service européen (ESM). Développé par Airbus Defence & Space pour l’ESA, ce dernier doit fournir de l’électricité, de l’eau, de l’oxygène au vaisseau, mais aussi assurer le contrôle thermique et la propulsion d’Artemis 1.
Derniers essais avant l’intégration sur SLS
Le nouvel ensemble va être mis sous tension pour la première fois cet été. Les équipes de la cellule FAST vont pouvoir tester les systèmes intégrés des deux modules et leurs interactions. Le vaisseau sera ensuite préparé pour son expédition vers la base de la NASA de Plum Brook, à Sandusky (Ohio). Le transfert est prévu en septembre à bord d’un Super Guppy.
Une fois dans l’Ohio, Artemis 1 sera soumis à une série de tests environnementaux dans une chambre à vide thermique. L’objectif est de démontrer sa capacité à évoluer pendant trois semaines dans l’espace lointain. En parallèle, les équipes de la NASA réaliseront des tests d’interférences et de compatibilité électromagnétique. Cette phase devrait s’achever avant la fin de l’année en cours.
Il sera alors temps pour le vaisseau de retourner en Floride, où les équipes du centre Kennedy procéderont au conditionnement et aux essais finaux. Il sera enfin avitaillé, puis livré au Vehicle Assembly Building (VAB) en vue de son intégration sur le lanceur SLS Block 1, normalement au début de l’année 2020. Ils constitueront ainsi le train spatial qui doit mener Artemis 1 en orbite lunaire. Cette mission de 25 jours doit ainsi constituer la première étape pour préparer le retour des hommes en orbite sélène en 2022, puis sur la Lune en 2024.
Le lanceur SLS peine à être finalisé. © NASA
Calendrier glissant
Si la route jusqu’à cette intégration semble donc tracée, la suite du calendrier suscite en revanche de nombreuses interrogations. Le lancement de la mission Artemis 1 (aussi identifiée comme Exploration Mission-1) était prévu, il y a quelques mois encore, en juin 2020 au plus tard. La donne a changé en mars dernier avec une annonce de la NASA, qui déclarait anticiper de nouveaux retards pour SLS (celui-ci devait originellement voler dès 2018). Et dans un rapport publié trois mois plus tard, le Government Accountability Office (GAO, équivalent américain de la Cour des comptes) estime que tout nouveau problème rencontré durant l’intégration et les tests du lanceur géant à venir pourrait repousser le lancement jusqu’en juin 2021.
En mars, Jim Bridenstine, administrateur de la NASA, avait ainsi admis que « SLS avait des difficultés à tenir son calendrier ». Il avait alors même évoqué l’idée – difficilement concevable – de s’appuyer sur deux lanceurs lourds privés actuels pour envoyer séparément le vaisseau Artemis 1 et un étage propulsif en orbite terrestre et de les y amarrer pour réaliser la mission dans les temps.
Le patron de la NASA semble revenu sur cette annonce depuis et a écrit en juillet : « Nous respectons l’échéancier prévu pour la mission Artemis-1 avec notre vaisseau spatial Orion à bord de la fusée Space Launch System (SLS) l’an prochain. » Il entend même être complètement revenu dans les temps pour Artemis 2 – la première mission habitée du programme – en 2022.