« Nous aimons quand c’est compliqué », telle pourrait être la devise de la division avions militaires d’Airbus Defence & Space, au regard du programme A400M, toujours coincé dans une zone de turbulences. L’avionneur européen maintient cependant le cap et affiche un optimisme prudent sur la résolution des différents problèmes qui accablent l’avion de transport tactique et stratégique.
Les récentes difficultés révélées par Airbus sur la boîte de transmission de l’avion ont conduit à la nécessité de changer « un nombre significatif » de moteurs, la priorité d’Airbus étant de pouvoir permettre aux avions déjà livrés de continuer à voler. Des essais avec les nouvelles boîtes de transmission sont actuellement en cours de certification sur des avions d’essais, les solutions apportées devraient être certifiées d’ici la fin du mois de juillet, au plus tard en septembre, l’idée étant de rallonger les délais d’inspection des moteurs.
Concernant le ravitaillement en vol des hélicoptères, une capacité-clé pour les forces aériennes françaises, Airbus assure que le problème sera résolu par le rallongement du tuyau, comme annoncé à l’automne dernier. Des travaux sont actuellement en cours pour porter à 120 pieds (au lieu de 80) la longueur du tuyau, afin d’éviter les turbulences provoquées par les hélices de l’A400M. La solution est développée en partenariat avec Cobham, les essais en soufflerie ont eu lieu avec le concours de l’ONERA. L’évaluation des données en matière d’aérodynamique est encore en cours, la phase de recherche et de développement devrait ensuite laisser la place à une première campagne d’essais en vol avant la fin de l’année 2016.
Les parachutistes ne peuvent toujours pas sauter en simultané depuis les portes latérales, une autre des capacités tactiques attendues, mais Airbus continue d’étudier les solutions possibles, tout en mettant en avant la validation du largage de 25 parachutistes, avec l’objectif d’atteindre les 40, puis les 58 – un chiffre qui était précédemment attendu pour le premier semestre 2016. Enfin, sur l’atterrissage sur terrains sommaires, des essais supplémentaires vont se tenir au Royaume-Uni, notamment sur terrains sablonneux.
Du côté des opérateurs, si certaines nations attendent les capacités tactiques avec plus d’impatience que d’autres, le volume de sorties et d’heures de vol réalisées ces six derniers mois prouve une utilisation croissante des avions dans les missions à but logistique. La flotte des cinq pays ayant déjà réceptionné des A400M (France, Turquie, Royaume-Uni, Allemagne, Malaisie) a dépassé les 40 000 heures de vol depuis janvier 2016, la majorité étant évidemment effectuée par les A400M français, qui ont accumulé 280 vols entre janvier et mai.
Enfin, côté perspectives à l’export, les prévisions n’ont pas beaucoup varié depuis le dernier bilan. Initialement estimées à 400, les ventes ont été revues à la baisse et sont passées à 300, pour se « stabiliser » autour de 200 à 300 appareils. Airbus Defence & Space semble par ailleurs avoir légèrement infléchi sa stratégie de vente, puisque l’A400M est avant tout présenté comme un avion « parfaitement adapté » aux situations de catastrophe humanitaire, avant que l’accent ne soit mis sur ses capacités militaires.