Pas d’éclaircie en vue pour le programme A400M. La publication des résultats trimestriels d’Airbus en avril dernier avait mis en avant des difficultés liées à la boîte de transmission, un problème en cours de résolution, mais un nouveau défi en termes de production et de livraison. Début mai, la presse allemande faisait écho de la possibilité de sortir du programme, au cas où les difficultés techniques viendraient à ne pas être résolues en temps et en heure. Ce sont à présent des criques découvertes sur certains avions livrés qui mettent à mal la disponibilité des appareils – notamment dans l’armée de l’air.
Le premier exemplaire de l’armée de l’air, MSN7, est actuellement immobilisé à Séville, et ce depuis plusieurs mois, en raison d’une opération de retrofit, mais surtout parce qu’un nombre important de ces criques ont été découvertes dans le fuselage. Selon nos informations, le « Ville d’Orléans » présenterait environ 200 criques, un « cas critique », qui rallonge de fait le chantier de manière significative – l’avion n’ayant toujours pas ré-intégré la flotte de l’escadron 1/61 Touraine au bout de sept mois.
« Il n’y a pas qu’un avion concerné, mais celui-là l’est tout particulièrement », expose un proche du dossier. Le problème n’affecte pas tous les avions de la même manière, ni avec la même importance. « Si MSN7 présente un peu plus de 200 criques, nous n’en avons trouvé aucune sur MSN8, le phénomène est totalement différent selon les avions », nous explique-t-on. Le problème ne serait pas tant le nombre de criques, que les endroits où elles se trouvent, qui ont de fait été découverts à l’occasion des visites de maintenance.
En cause, un alliage aluminium, avec un pourcentage élevé de zinc, qui, combiné à certaines conditions d’humidité, d’air, de température, de pression, cause ces criques découvertes dans le fuselage. Selon l’industriel, cela ne remettrait cependant pas en cause la sécurité des vols et « ne demande pas de mesures immédiates, mis à part un programme d’inspections et de réparations/remplacement qui peut être incorporé dans les programmes normaux de maintenance et de retrofit », détaille-t-on chez Airbus. Un début de solution qui ne satisferait pas complètement l’armée de l’air, au vu de l’allongement de l’immobilisation de l’avion induit par ce problème.
Ce phénomène a été identifié dès 2011 au cours d’un contrôle de qualité sur un avion d’essais et fait depuis l’objet d’études de résolution. La mise au point d’un nouvel alliage est également envisagée, dont la qualification ne serait pas attendue avant la fin de l’année 2016.
En attendant, l’armée de l’air fait face à une chute du taux de disponibilité de ses A400M, qui serait de l’ordre de 50%. Quatre avions sur les huit que compte le « Touraine » sont actuellement immobilisés en raison de retrofit ou de visites de maintenance « Check C » programmés, soit à l’AIA de Clermont-Ferrand (Check C) soit à Séville chez Airbus Defence & Space (retrofit). Une situation qui semble peser sur le moral des équipages, dont certains ne voleraient qu’une fois par mois en raison du peu d’avions en état d’effectuer des missions. « C’est un bon avion, nous en sommes très contents, mais derrière ça ne suit pas », nous confie un aviateur, qui semble attendre avec impatience la mise en oeuvre des capacités sur terrains sommaires, qui permettraient à l’A400M d’atteindre des bases telles que celles de Madama au Nord-Niger.
L’armée de l’air est de fait toujours en attente d’un plan d’action pour les livraisons de ses prochains avions. Trois exemplaires doivent être rétrofités au premier standard tactique, trois autres sont attendus avec des capacités tactiques initiales, mais le flou est encore de mise sur les délais de réception des avions. MSN7 devait « ouvrir le bal des capacités tactiques », sans qu’il n’ait été possible d’en savoir plus à l’heure actuelle. La livraison du neuvième A400M de l’armée de l’air, MSN33, serait prévue pour la fin du mois. Le retour de MSN7 à Orléans n’est quant à lui toujours pas fixé.