L’écosystème ArianeWorks commence à se mettre en place. Lancée en février par le CNES et ArianeGroup, la plateforme d’accélération est désormais au travail et vient de signer un premier contrat avec la start up MyCTO en mai. Celle-ci se voit confier « le prototypage d’un des concepts à l’étude de système de récupération d’étage ». ArianeWorks veut ainsi franchir un premier pas pour préparer une éventuelle capacité de réutilisation des futurs lanceurs européens, ce qui est sa raison d’être, comme le rappelait André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup devant le Sénat le 22 mai.
Plus précisément, MyCTO sera en charge de préparer le prototypage rapide d’un concept de système au sol de récupération d’étage. Celui-ci sera dimensionné à l’échelle du petit véhicule d’expérimentation élémentaire FROG. Actuellement en cours de développement par Planète Sciences, Polyvionics et l’IUT de Cachan (Université Paris Saclay), sous le patronage du CNES, il doit voler dès cette année.
FROG doit permettre de commencer à défricher le domaine de la récupération, en testant de façon agile et pour des coûts limités plusieurs concepts. Les essais porteront entre autres sur les algorithmes d’atterrissage, les opérations automatisées ou encore l’architecture avionique selon ArianeWorks.
Course à étapes
Ce travail servira à la mise au point du démonstrateur de premier étage réutilisable Callisto (Cooperative Action Leading to Launcher Innovation in Stage Toss-back Operations), en coopération avec le DLR allemand et la JAXA japonaise. Toujours à échelle réduite, avec cinq mètres de haut pour un mètre de diamètre, il permettra de réaliser une première mission complète de récupération en 2020.
L’objectif final est d’arriver au démonstrateur Themis, considéré comme la véritable première étape sur la feuille de route d’Ariane Next, qui prépare la future génération de lanceurs européens. Dix fois plus gros que Callisto, il pourrait voler en 2025. Le CNES et ArianeGroup entendent ainsi être prêts à intégrer une capacité de réutilisation sur une évolution d’Ariane 6 ou un nouveau lanceur Ariane, lorsque « le jour sera venu » et « si les conditions et les cadences de lancement en Europe rendaient cette nouvelle technologie économiquement viable », comme l’expliquait encore André-Hubert Roussel au Sénat.
Vers un nouvel écosystème
Au-delà de l’apport que doit apporter MyCTO, la sélection de cette start up marque une avancée dans les manières de travailler des acteurs traditionnels du spatial européen que sont ArianeGroup et le CNES. Bousculé par le New Space et la concurrence accrue des acteurs chinois comme américains, ils tentent de changer de paradigme avec ArianeWorks.
Comme l’expliquait Christelle Astorg-Lépine, cheffe de projet « Connect, by CNES », cette plateforme dispose d’une certaine autonomie et d’une liberté de manoeuvre inédite pour explorer et faire mûrir de nouveaux concepts de lanceurs. Le passage de contrats directement avec des start up, des laboratoires et des PME entre dans ce cadre, afin de gagner en agilité et développer un nouvel écosystème pour le secteur spatial qui aille au-delà des acteurs traditionnels.
Ce premier contrat avec MyCTO en appelle donc d’autres. Pour repérer ces pépites, ArianeWorks s’appuie sur le travail de Connect, by CNES, et collabore avec la FrenchTech ou des pépinières comme la Station F. C’est d’ailleurs ainsi que MyCTO a été repéré.