« C’est un coup double », s’est enthousiasmé Stéphane Israël, lors d’une cérémonie au salon du Bourget. Alors qu’il venait juste de signer un contrat avec l’ESA pour le lancement de la mission JUICE sur Ariane 5 ou Ariane 6, le président exécutif d’Arianespace a annoncé un accord avec Viasat pour l’intégration d’un satellite ViaSat-3 sur le futur lanceur européen. Après avoir initialement sélectionné Ariane 5, l’opérateur américain est ainsi devenu le premier client commercial d’Ariane 64, version d’Ariane 6 dotée de quatre propulseurs d’appoint P120C.
Le lancement de JUICE est prévu mi-2022 sur une Ariane 5, mais le contrat laisse la possibilité de passer sur Ariane 64 si les conditions techniques le permettent. Jan Wörner, directeur général de l’Agence spatiale européenne, et Stéphane Israël semblent en tout cas déterminés à travailler ardemment sur la compatibilité entre la charge utile et le lanceur pour permettre ce basculement.
Il s’agirait d’un jalon d’importance pour Ariane 6. Comme le dit lui-même Jan Wörner, JUICE – ou « JUpiter ICy Moons Explorer » – est la plus large mission jusqu’ici du programme Cosmic Vision 2015-2025 de l’ESA. Il s’agit en effet d’envoyer un vaisseau de six tonnes vers Jupiter pour explorer trois de ses lunes dites « galiléennes » (car découvertes par Galilée) : Ganymède, Europa et Callisto. « Après le lancement de BepiColombo l’an dernier, c’est une nouvelle mission clef », a approuvé Stéphane Israël.
Une fois lancé, JUICE bénéficiera de cinq assistances gravitationnelles de la Terre, Mars et Vénus pour acquérir la vélocité nécessaire pour atteindre Jupiter. Le vaisseau devrait se placer en orbite de la planète géante en octobre 2029 après un voyage de 600 millions de kilomètres. Il observera alors les lunes joviennes pendant au moins trois ans, la mission devant s’achever en juin 2033.
Un peu d’air pour ArianeGroup
Si le lancement sur Ariane 6 est confirmé, il s’agirait alors du quatrième lancement institutionnel du nouveau lanceur. L’ESA devrait alors en trouver encore trois autres d’ici novembre et la tenue de la conférence ministérielle Space19+ à Séville pour respecter son engagement. En avril dernier, l’Agence spatiale européenne avait promis de commander quatre nouveaux lancements d’Ariane 6 en plus des trois déjà contractualisés afin de soutenir les débuts industriels du lanceur d’ArianeGroup.
En ce qui concerne le ViaSat-3, le lancement avait donc été d’abord contractualisé sur Ariane 5 ECA en 2016. Le satellite de communication en bande Ka partira donc finalement sur Ariane 64 depuis le Centre spatial guyanais, pour rejoindre une orbite de transfert géostationnaire à haute énergie. La date de lancement n’a toutefois pas été précisée, alors que le départ sur Ariane 5 était prévu en 2020.
Avec ce contrat, Ariane 64 débloque son compteur de lancements commerciaux. C’est là aussi une très bonne nouvelle pour Arianespace, et surtout pour ArianeGroup, qui peinent encore à trouver des débouchés concrets pour le futur lanceur. Son premier vol est prévu après celui d’Ariane 62 en 2020.