Arianespace a enfin pu écrire une première ligne sur le carnet de commandes commerciales d’Ariane 6. Ce premier pas a été franchi par Eutelsat, lors de la World Satellite Business Week qui se tient du 10 au 14 septembre à Paris. Le contrat porte sur l’envoi de cinq satellites d’ici 2027. Arianespace a également enregistré une commande de la part du CNES et de la DGA un peu plus tôt dans la journée. Cette double annonce pourrait donner du baume au coeur aux équipes du futur lanceur, qui manquent encore cruellement de certitudes sur l’avenir industriel du programme.
L’accord de long-terme signé avec Eutelsat prévoit le lancement de cinq satellites jusqu’en 2027 avec un calendrier flexible. Selon les termes employés par les deux parties, il garantira « un accès à l’espace compétitif » à l’opérateur français de satellites de communication. Le type de satellites, tout comme les versions du lanceur – Ariane 62 ou 64 – qui seront utilisés, n’ont pas encore été annoncés.
Premier contrat commercial
Ce contrat est donc le premier signé avec une société commerciale comme le rappelle Rodolphe Belmer, directeur général d’Eutelsat Communications, a déclaré : « Nous sommes fiers d’être le premier opérateur à signer pour Ariane 6. Ce programme européen emblématique va renforcer notre capacité à accéder à l’espace en conjuguant disponibilité, compétitivité et fiabilité. »
Il y voit la continuité de l’accord signé entre les deux parties en 2013 et prorogé en 2017 : « cela conforte la relation que nous avons tissée avec notre partenaire de longue date, Arianespace, auquel nous avons déjà confié le lancement de la moitié de notre flotte. ».
L’autre commande porte sur le lancement d’un troisième satellite pour la Composante Spatiale Optique (CSO), pour le compte du CNES et de la DGA. Elle était intégrée en tant qu’option sur le contrat signé pour les deux premiers vecteurs, CSO-1 et CSO-2, qui seront lancés à partir de cette année. CSO entre dans le cadre du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System), développé pour remplacer Helios II et assurer à la France une capacité de détection optique à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge.
Besoin de commandes
Ces deux contrats viennent garnir quelque peu le maigre tableau de chasse du futur lanceur européen. Jusqu’ici celui-ci n’affichait que deux lancements institutionnels, achetés par la Commission européenne et l’ESA pour mettre deux paires de Galileo en orbite avec des Ariane 62. Arianespace affiche désormais un manifeste de cinq lancements, pour un total de 10 satellites.
Ils sont d’autant plus bienvenus que le programme a absolument besoin de finaliser des commandes rapidement pour sécuriser son avenir. ArianeGroup – maître d’oeuvre d’Ariane 6 – a en effet indiqué à plusieurs reprises qu’il manquait de visibilité pour organiser la montée en cadence du programme.
En effet, celui-ci doit progressivement remplacer Ariane 5 entre 2020 et 2022.
Etant donné qu’il faut près de trois ans pour construire un lanceur, il est temps de lancer la production des futurs lots. Mais en l’absence de commandes suffisantes, et donc de garanties, l’industriel hésite à franchir le pas. La situation est d’autant plus compliquée que la « préférence européenne », pour l’achat de cinq lancements institutionnels par an, n’a pu être actée.