Dans l’ombre du méga-contrat d’Airbus avec le loueur aéronautique China Aviation Supplies (CAS), la visite du président chinois Xi Jinping en France a été l’occasion de signer un autre accord. Les agences spatiales française (CNES) et chinoise (CNSA) se sont ainsi entendues pour coopérer en vue de l’exploration de la Lune. L’accord a été signé le 25 mars à l’Élysée, par Jean-Yves Le Gall, président du CNES, et Zhang Jianhua, vice-administrateur de la CNSA.
Au titre de ce partenariat, la CNSA intégrera des expériences françaises à bord de Chang’e-6, une des deux futures missions déjà annoncées dans le cadre du Programme d’exploration lunaire chinois (CLEP). Jean-Yves Le Gall s’est ainsi réjouit : « L’accord signé aujourd’hui en présence de nos plus hautes autorités, est historique puisque la France va aller sur la Lune avec la Chine ! Cela témoigne de l’excellence de notre coopération scientifique et technologique et de la confiance qui existe entre nous pour le développement de projets spatiaux ambitieux. »
Retour d’échantillons
Prévue il y a encore quelques mois pour partir en 2020 à bord d’un lanceur CZ-5, Chang’e-6 serait désormais planifiée en en 2023-2024. Cette mission doit notamment s’illustrer par le retour d’échantillons lunaires sur Terre, ce qui n’a été fait que par les Américains et les Russes. Normalement, Chang’e-5 – dont le lancement est prévu en fin d’année – doit ouvrir la voie pour cette nouvelle capacité chinoise. Un vaisseau spatial a d’ailleurs déjà été testé à pour préparer la rentrée atmosphérique.
Chang’e-5 comme Chang’e-6 s’inscrivent en tout cas dans la continuité des précédentes missions du CLEP, qui posent petit à petit les jalons d’une exploration humaine de la Lune à l’horizon 2030. Chang’e-1 (lancé en 2007) et Chang’e-2 (2010) ont été dédiées à l’étude orbitale et la cartographie de la Lune, ainsi qu’aux essais du système de relais de communication. Chang’e-3 (2013) a été la première à poser une astromobile (rover) sur notre satellite naturel. Chang’e-4 a fait de même l’an dernier, mais cette fois-ci sur la face cachée de l’astre.
Outre cette participation au CLEP, le CNES a profité de cette rencontre pour discuter d’une future mission conjointe d’observation de la Terre, qui vise l’étude de la salinité des océans et de l’humidité des sols. Elle poursuivrait ainsi la coopération menée actuellement avec CFOSat, satellite d’océanographie lancé le 29 octobre 2018.
Jean-Yves Le Gall a aussi mentionné « les projets déjà en développement, SVOM pour l’astronomie des hautes énergies et Cardiospace 2 pour la médecine spatiale », ainsi que la poursuite du Space Climate Observatory (SCO) pour l’utilisation des données spatiales dans la lutte contre le changement climatique.