Les Etats-Unis préparent leur retour sur les vols habités. Lockheed Martin et la NASA ont annoncé, le 22 août, avoir effectué la première mise sous tension du vaisseau Orion bon de vol. Cette capsule spatiale, capable d’accueillir jusqu’à quatre membres d’équipage, doit décoller pour la première fois en 2019 pour l’Exploration Mission-1 (EM-1). Il partira avec le lanceur lourd Space Launch System (SLS) dont ce sera également le vol inaugural.
Cette mise sous tension n’est encore que partielle. Pour l’instant, seuls les systèmes principaux ont été allumés pour commencer à être testés. Il s’agit des ordinateurs de gestion du véhicule, principaux ordinateurs à bord, qui ont intégré un premier logiciel de vol, ainsi que des systèmes d’alimentation en énergie et de transmission des données au sein du module. Lockheed Martin parle ainsi des essais du « cerveau et du coeur » de la capsule, qui doivent ouvrir la voie aux tests de l’ensemble des sous-systèmes.
Il reste encore du travail aux ingénieurs. La seule suite avionique de l’Orion comprend 55 éléments connectés par 400 harnais électriques. Ils doivent tous être installés et intégrés dans les deux ou trois prochains mois et commencer leurs tests de fonctionnement dans la foulée. Une fois la capsule complétée, les équipes de Lockheed Martin et de la NASA commenceront les essais de l’ensemble des systèmes simultanément pour se rapprocher des conditions d’opérations.
En parallèle, Airbus Defense & Space, l’ESA et la NASA mènent une campagne d’essais du système de propulsion de la capsule grâce à un module de qualification (PQM). Elle a débuté mi-août dans les installations de la NASA à White Sands (Nouveau-Mexique) et doit s’achever vers la fin de l’année, ou début 2018. Le PQM ne comprend qu’un nombre de propulseurs réduit par rapport aux 33 moteurs qui équiperont la capsule Orion. Le système de propulsion fait partie du Module de service européen (ESM), conçu et produit par Airbus DS pour le compte de l’ESA. L’ESM fournira la propulsion, l’énergie, l’eau, l’oxygène et l’azote nécessaires à la capsule.
Espérée fin 2018, la mission Orion EM-1 partira donc en 2019 depuis le Centre spatial Kennedy (Floride), pour trois semaines de vol. Elle doit emmener cette première capsule Orion en orbite autour de la Lune. Ce sera le premier véhicule habitable à aller plus de 60 000 km au-delà de notre satellite naturel. Pour cette première mission, aucun occupant ne prendra place à bord. La possibilité a été un temps étudiée par la NASA à la demande de la Maison Blanche, avant d’être repoussée. Le premier vol habité est prévu entre 2021 et 2023, avec la mission EM-2.
Vers l’exploration interplanétaire
A plus long terme, le couple Orion-SLS servira l’exploration humaine de destinations plus lointaines dans notre système solaire. Il doit permettre de paver le chemin vers Mars, avec l’objectif d’y envoyer un équipage dans les années 2030. En attendant, le vaisseau pourrait également servir à la desserte de la Station spatiale internationale (ISS).
Lockheed Martin devra composer avec la concurrence de SpaceX, qui a annoncé en début d’année son intention d’envoyer deux astronautes en orbite autour de la Lune d’ici fin 2018. La société d’Elon Musk développe pour cela une nouvelle version habitable de sa capsule Dragon, qui serait lancée par un Falcon 9.
La priorité de SpaceX sera néanmoins de desservir l’ISS. Le Crew Dragon (ou Dragon Version 2) a en effet été sélectionné en ce sens par la NASA en septembre 2014, de même que la capsule CST-100 de Boeing (lancée sur Atlas V par United Launch Alliance). Les premiers vols habités sont prévus pour l’an prochain. Cela marquera le retour des astronautes américains dans l’espace avec leurs propres moyens. Ils sont aujourd’hui dépendants des Soyouz russes, et ce depuis l’arrêt des vols de la navette en 2011.