Alors qu’Airbus Group annonce une provision de 2,2 milliards d’euros sur le programme A400M, les essais et expérimentations se poursuivent pour la qualification des capacités tactiques de l’avion de transport militaire, qui effectue de manière régulière des tournées logistiques pour le compte des forces armées françaises, aussi bien en Afrique qu’au Moyen-Orient.
L’armée de l’air a réceptionné onze avions, dont six au premier standard tactique, le troisième avion rétrofité ayant à priori atterri sur la BA 123 d’Orléans il y a quelques jours, sa livraison étant annoncée comme « imminente ». Avec une moyenne de cinq à six avions disponibles, les équipages de l’escadron de transport 1/61 « Touraine » délivrent du fret et transportent du personnel à Niamey, en Jordanie, voire même aux Etats-Unis, en soutien du détachement air constitué autour de la Patrouille de France, en tournée américaine de la mi-mars à début avril.
Si les difficultés liées au boîtier de vitesse seraient « presque derrière nous », ainsi qu’on a pu l’entendre dans l’armée de l’air et que 2017 s’annonce comme « l’année de la maturation », l’A400M a encore un long chemin à parcourir dans l’acquisition de ses capacités tactiques. Une partie d’entre elles sont dévolues au Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM), basé à Mont-de-Marsan. Celui-ci tient un planning détaillé – et évidemment sujet à évolutions – des différents essais menés ou à mener avec les avions du « Touraine ». Les échéances sont de fait à prendre avec prudence, en raison des glissements possibles de calendrier.
La pleine capacité (FOC – Full operational capability) pour les opérations aéroportées est attendue pour 2022, les difficultés liées au parachutage en simultané n’ayant toujours pas été réglées. « Les opérations aéroportées par une seule porte ne devraient pas être qualifiées avant fin 2018, voire début 2019 », nous explique-t-on. Pour le largage de 30 parachutistes en simultané, il faudra attendre 2019. Les expérimentations liées au saut opérationnel à grande hauteur (SOGH) sont prévus pour la mi-2019, la FOC est également prévue pour 2022. Quant au largage de matériel par gravité, les expérimentations pour du fret allant jusqu’à 7,5 tonnes devraient débuter à la mi-2017, 2020 pour les palettes de 10 tonnes. La FOC devrait être prononcée en 2021.
La capacité « terrains sommaires » est en bonne voie, la dernière campagne s’était tenue à Gao au Mali en décembre dernier, quatre mois après une semaine de décollages et d’atterrissages sur la piste de Madama au Niger. « Les résultats sont concluants, mais ce n’est pas encore certifié », indique-t-on au CEAM. Cette certification pourrait intervenir à la mi-2017, en fonction des terrains.
Sur l’autoprotection, des travaux sont en cours à la DGA pour des systèmes « plus actifs », capables de détecter un départ missile et éventuellement envoyer des leurres ou brouiller la menace. Les performances des systèmes d’autoprotection sur l’A400M ne seraient « pas tout à fait ce dont nous avons besoin, donc nous nous travaillons sur la suite », nous a-t-on confié. De quoi occuper ingénieurs de l’armement, officiers programmes et équipages pendant encore quelques années.