Turbomeca – qui prendra le nom de Safran Helicopter Engines à partir du 19 mai prochain – avance pas à pas dans ses travaux sur la baisse de la consommation en carburant de ses moteurs. Avec un objectif affiché de réduire de 10 à 15% la consommation d’ici à 2018 et d’atteindre les -25% en 2020/2025, le motoriste du sud-ouest travaille aussi bien sur de nouveaux matériaux, que des compresseurs plus performants, en passant par l’hybridation des turbines.
Partant du postulat que « les hélicoptères ont besoin de beaucoup de puissance au décollage, durant quelques minutes » et que « le reste du temps, leurs moteurs sont utilisés à une puissance plus faible, loin de leur fonctionnement initial », Turbomeca développe donc actuellement un concept d’hybridation de ses turbines. Ce programme, en phase d’expérimentations au sol, permettra « d’optimiser le régime de puissance », tout réduisant de manière « significative » la consommation de carburant, sans pour autant modifier l’architecture des moteurs.
Particulièrement adapté aux biturbines lourds type H215 ou H225 (versions civiles ou militaires) d’Airbus Helicopters, le projet d’hybridation a pour objectif de mettre en oeuvre les moteurs à pleine puissance lors de la phase de décollage, puis de « mettre en veille » l’un des deux lors de la phase de croisière, tout en ayant la possibilité de le « ré-activer » de manière très rapide en cas de besoin par un système de générateur électrique. « L’idée c’est d’utiliser un seul moteur à pleine puissance, au lieu de deux à moitié », explique Eric Seinturier, ancien chef des programmes R&T au sein de Turbomeca. En effet, le bas régime partiel dégrade les performances du moteur, tout en occasionnant une consommation plus importante de carburant. « Plus la croisière est longue, plus l’économie de carburant sera importante », précise Eric Seinturier. Inspirée d’une technologie de type « stop and start », qu’on retrouve dans le monde de l’automobile, Turbomeca travaille sur ce projet en partenariat avec Labinal Power Systems, Technofan et Microturbo.
« Il y a consensus sur la pertinence de cette avancée », expose-t-on chez Turbomeca. Les gains en termes économiques, écologiques et logistiques seraient une vraie plus-value pour les opérateurs, aussi bien civils que militaires. Si les missions d’évacuation médicale, voire d’offshore, sont citées parmi les principales bénéficiaires, les forces armées pourraient également y trouver leur compte. Une économie de carburant se traduisant à la fois par une baisse de coûts, mais également par une réduction importante de la logistique en termes d’acheminement du carburant sur des régions telles que la bande sahélo-saharienne, où sont notamment engagés Cougar de l’ALAT et Caracal de l’armée de l’air. Turbomeca a d’ores et déjà présenté son programme au monde militaire, mais n’est pour le moment « pas allé plus loin ».
« Pour l’instant, il s’agit surtout de démontrer la viabilité du concept », déclare l’ex-patron des programmes R&T du motoriste. Les études, qui ont démarré il y a trois à quatre ans, se sont concrétisées par une phase d’essais au sol sur un moteur de la classe des 2 500 shp qui a débuté en juin 2015 et qui devrait s’achever d’ici la fin de l’année 2016. La prochaine étape consistera à lancer les études sur l’intégration du concept à la cellule. Turbomeca indique vouloir impliquer les avionneurs concernés et « mûrir » avec eux, afin d’élaborer des programmes de R&T en partenariat dès le début des années 2020, pour une mise en service planifiée à l’horizon 2025.