[Mise à jour à 20h45] Il fallait s’y attendre. Alors que le transport aérien est frappé de plein fouet par la crise du coronavirus, Airbus s’est résolu à annoncer une baisse de ses cadences, le 8 avril. Cela devrait représenter une réduction de plus d’un tiers de la production de l’avionneur européen et l’ensemble des programmes est concerné.
Cette décision fait suite à de nombreuses demandes de reports de livraisons de la part des compagnies aériennes, durement touchées par l’effondrement du trafic. « Nous gérons notre carnet de commandes et nous synchronisons nos cadences de livraisons avec la demande », déclare ainsi Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus.
Un tiers de la production en moins
Le rythme de production de la famille A320 (ceo et neo) va passer à 40 appareils par mois en moyenne. C’est un important coup d’arrêt pour le best-seller d’Airbus qui était passé à 60 avions mensuels mi-2019 et devait arriver à 63 d’ici l’an prochain.
Les appareils long-courriers sont encore plus durement touchés. Les A330 (ceo et neo) chuteront à deux exemplaires par mois, alors qu’Airbus visait une quarantaine d’avions par an. De même, les A350 tomberont à six appareils par mois, là où l’objectif était de stabiliser la production entre 9 et 10 avions.
La situation des A220 n’a pour l’instant pas encore été tranchée. Guillaume Faury rappelle que le COVID-19 a touché l’Amérique du Nord plus tard que l’Europe et que l’impact de la crise reste encore à déterminer. Il ajoute que l’A220 était encore en phase de montée en cadence, et qu’il est donc plus compliqué de déterminer le bon rythme à adopter en comparaison d’un programme plus mature.
Pour le patron, l’objectif était de trouver « le bon équilibre » non seulement pour Airbus, mais aussi pour l’ensemble de son écosystème afin de lui permettre de passer au travers de cette crise. Il déclare ainsi discuter quotidiennement avec ses clients, mais aussi ses partenaires et ses fournisseurs.
Préserver la trésorerie
La réduction des cadences s’accompagne de mesures à court terme pour réduire les dépenses et préserver la trésorerie du groupe. Airbus devrait aussi continuer à s’appuyer au maximum sur les mesures de flexibilité existantes en Europe, comme le chômage partiel. Guillaume Faury exclut ainsi tout licenciement pour l’instant.
D’autres mesures à moyen et long terme suivront pour adapter au mieux les structures de coûts, concède Guillaume Faury. Il estime qu’il est encore trop tôt pour les définir précisément, et qu’elles dépendront notamment de la dynamique de la reprise après crise. Cela pourrait alors impacter l’emploi dans le groupe.
Par ailleurs, Airbus a annoncé avoir enregistré 290 commandes nettes pour 66 annulations au premier trimestre 2020. Aucune de ces annulations ne serait liée directement à la crise du coronavirus à en croire Guillaume Faury. Il reconnaît en revanche que le niveau de commandes devrait largement baisser dans les prochains mois.
Toujours au premier trimestre, Airbus a livré 122 appareils. Le constructeur indique que plus d’une soixantaine d’appareils supplémentaires a été produite sans pouvoir être livrée. Il n’a ainsi pu remettre que 36 avions à leurs clients en mars contre 55 en février.