L’ATR 42-600S tient enfin ses premiers contrats. Présenté pour la première fois au salon du Bourget 2017, cette variante à décollage et atterrissage courts (STOL) du 42-600 est restée dans l’ombre depuis, faute d’un client de lancement. C’est désormais chose faite avec la signature d’une lettre d’intention (LoI) avec le loueur Elix Aviation Capital pour dix appareils. Il faut y ajouter la commande de deux exemplaires par Air Tahiti et de cinq autres par un client resté anonyme.
Ancien de la maison ATR et désormais directeur général d’Elix, John Moore a salué la conclusion d’un travail entamé il y a plus d’un an avec le constructeur. « C’est la première fois que nous commandons un avion avant son entrée en service, a-t-il déclaré. Il y a un marché de niche pour cet avion avec des missions spécifiques sur le marché régional. » L’avion devrait ainsi se positionner sur un marché de remplacement, évalué à 1 200 avions sur les prochaines années, qui était jusque-là réservé à des appareils de 30 à 50 places.
Le processus a donc été long pour trouver un débouché commercial, malgré des concertations menées avec une douzaine de clients pour déterminer les performances de l’appareil. A l’automne 2017, Christian Scherer, alors président exécutif d’ATR, évoquait des coûts de développement prohibitif pour expliquer cette inertie.
Ce premier contrat va permettre de finaliser le lancement officiel du programme, attendu avant la fin de l’année. Stefano Bortoli, actuel président exécutif d’ATR, a confirmé qu’il avait désormais l’aval de ses deux actionnaires, Airbus et Leonardo.
Cela n’a pas empêché ATR de poursuivre le développement de l’ATR 42-600S, et une campagne d’essais a été réalisée l’an dernier. Il reste néanmoins du travail avant de passer aux phases de certification et d’industrialisation. Les premières livraisons sont ainsi attendues en 2022.
Objectif 800 m
Jusqu’ici, la distance minimale de décollage du 42-600 à la MTOW (masse maximale au décollage) est de 1 165 m. Et 965 m pour se poser à la MLW (masse maximale à l’atterrissage). L’objectif de l’ATR 42-600S est d’être capable d’opérer sur des pistes 800 m, et ainsi décupler le nombre d’aéroports pouvant être desservis.
Stefano Bartoli a néanmoins reconnu que cette performance nécessiterait de limiter l’emport à une quarantaine de passagers. A pleine charge, avec 48 passagers, l’appareil pourrait opérer sur 900 m.
Pour développer cette performance STOL, ATR a assisté ses gouvernes de direction pour assurer un meilleur contrôle de l’avion à basse vitesse, adapté le système de pilotage automatique et autorisé une vitesse minimale de sustentation (VMU) inférieure avec un travail sur les volets. Le constructeur a également amélioré les freins en carbone de son avion afin de réduire sa distance de freinage.
En parallèle de l’ATR 42-600S, le constructeur poursuit le développement de la version cargo 72-600F avec FedEx, en vue d’un premier vol en 2020.