Le groupe Daher a annoncé avoir réalisé un chiffre d’affaires record en 2015, franchissant pour la première fois le milliard d’euros (1,040 MdEUR), en progression de 7% sur la période. Ce résultat historique est très largement porté par l’aéronautique qui représente aujourd’hui 80% du total de ses activités.
Le carnet de commandes a quant à lui enregistré une hausse de 11% en valeur, atteignant 3,6 milliards d’euros, l’équivalent de trois années et demie d’activité. « C’est un résultat assez confortable » s’est réjoui Patrick Daher, le PDG du groupe lors de la présentation des résultats annuels à Paris, « d’autant plus que les contrats de service sont à échéances plus courtes » explique-t-il. Les activités de Daher se répartissent aujourd’hui à quasi-égalité entre industrie et services.
La nouvelle organisation de Daher se poursuit, conformément au plan stratégique 2017, et qui a notamment permis de regrouper toutes les entités du groupe sous une marque unique au début de l’année dernière pour une plus grande cohérence stratégique. Ainsi, selon Patrick Daher, le maillage entre les trois Business Units (Aéronautique & Défense, Avions et Technologies Avancées) et les trois métiers du groupe (Industrie, Services et Transports & Projets) est désormais pleinement opérationnel.
Le plan de transformation de l’entreprise va d’ailleurs franchir une nouvelle étape dès le 1er avril prochain avec la nomination attendue de Didier Kayat en tant que Directeur Général, Patrick Daher se consacrant désormais exclusivement à la Présidence du groupe à partir de cette date.
Si les activités de Daher liées aux Technologies Avancées, notamment dans l’énergie, ont particulièrement subi l’année dernière, avec une baisse de -9% du chiffre d’affaires, conséquence de la crise du secteur pétrolier et gazier, les activités aéronautiques affichent quant à elle une belle progression (+9,8%), notamment grâce à des contrats de service « et même si l’activité aérostructure continue à croître » a précisé Didier Kayat. Il rappelle par exemple l’extension des contrats d’aérostructure à destination des nouveaux jets G500/G600 de Gulfstream, la livraison de la première trappe du train d’atterrissage principal de l’Airbus A350-1000, la montée à bord de l’A330neo, le contrat signé avec Snecma concernant les panneaux de réduction acoustique du réacteur LEAP-1B pour le Boeing 737 MAX ou encore la fabrication de la structure de queue du H160 d’Airbus Helicopters.
L’activité Avions affiche aussi une confortable hausse de 9% avec 55 exemplaires du TBM900 livrés l’année dernière, et ce en dépit d’une conjoncture « qui reste difficile et qui n’a toujours pas rattrapée le niveau de 2008 » explique Patrick Daher, qui ajoute cependant que cela correspond à une augmentation de part de marché. Son savoir-faire en tant qu’avionneur a d’ailleurs permis à Daher d’être sélectionné pour concevoir et certifier E-Fan 2.0, la version biplace de l’avion 100% électrique d’Airbus Group.
Didier Kayat a également fait le point sur les recrutements de Daher l’année dernière. Le groupe a ainsi créé 599 nouveaux emplois, principalement en France mais aussi en Allemagne (150) pour accompagner Airbus Helicopters sur son site de Donauwörth dans le cadre de son contrat de logistique exclusif. Plus de 160 000 heures de formations ont été consacrées aux compagnons et le nombre d’alternants est en augmentation. Didier Kayat note par ailleurs que le nombre de candidatures spontanées est en augmentation. Le groupe Daher emploi désormais plus de 8500 personnes dans 12 pays.
Le secteur aéronautique « en profonde mutation »
Patrick Daher en a également profité pour présenter sa vision de l’industrie aéronautique en tant qu’équipementier et fournisseur de rang 1 auprès des grands donneurs d’ordres pour les prochaines années. Selon lui, les succès affichés par les grands avionneurs au niveau des carnets de commandes cachent de grandes disparités pour les deux prochaines années, notamment vis à vis des équipementiers. Des programmes comme l’A350, l’A320neo ou le 787 sont en train de monter en cadence chez les avionneurs, les investissements au niveau des usines, des chaînes d’assemblage final étant déjà effectuées. « Nous avons de notre côté construit une nouvelle usine à Tarbes pour les trappes de l’A350, mais pour l’instant les lignes que nous avons mises en place sont largement sous-utilisées » explique Patrick Daher. « Pour nous, la montée en cadence c’est 2018 ». Il cite aussi la transition entre les A330 et A330neo, avec une réduction des cadences entre les deux.
Sur les autres secteurs de marché, comme l’aviation d’affaires ou l’aviation générale, Patrick Daher voit même un retassement de l’activité lié à la conjoncture en Chine et en Russie. Les hélicoptères civils chez Airbus Helicopters affichent quant à eux un ralentissement lié à la crise du secteur pétrolier et gazier. « Nous pensons que dans le secteur de l’aéronautique, nous vivrons plutôt un tassement, un plateau pour 2016-2017, avant la reprise qui va booster l’activité ».
Patrick Daher s’est par contre montré plus pessimiste sur le long terme. « Ça va être plus difficile, il n’y a pas d’avions nouveaux, et il n’y en aura dans les 10 ans qui viennent ». Il explique que les compagnies aériennes ne vont plus se battre sur la nouveauté, nouveauté qu’elles seraient prêtent à payer plus cher, mais qu’elles se battront sur les prix. « Notre secteur économique va connaître de très grandes pressions sur les prix durant les 10 prochaines années » ajoute-t-il. « Cette nouvelle tendance du marché est très récente, elle s’est accélérée au cours des 18 mois derniers mois ». Il précise aussi que les donneurs d’ordres veulent des réductions de prix de l’ordre de 10 à 20%. « Si les équipementiers faisaient 10% à 20% de marges, cela se saurait », lance pour sa part Didier Kayat.
« Ceux qui s’adapteront le plus vite seront sans doute les grands gagnants de demain » a conclu Patrick Daher.