La filiale française du groupe britannique Air Charter Service (ACS), spécialisé dans l’affrètement d’avions, poursuit sa croissance. ACS France a continué à prendre des parts de marché l’année dernière avec un chiffre d’affaires en hausse de 55%. Il s’agit de la 6ème année de croissance consécutive pour ACS France depuis sa création en 2009.
Pour Benjamin Sinclair, le Directeur Général d’ACS en France, cette performance est d’autant plus remarquable que le secteur en lui-même n’est pas vraiment en croissance dans l’Hexagone. « Nous sommes nés en pleine crise, juste après la chute de Lehman Brothers » se souvient-il. « On s’est battu pour gagner des parts de marché, avec la mentalité de challenger, et c’est ce que l’on continue à faire ». Il explique que depuis l’implantation d’ACS en France, ses effectifs se sont progressivement renforcés en utilisant notamment des forces de ventes rendues disponibles par la disparition de certains concurrents. Spécialisée sur les marchés francophones (France, Belgique, Suisse, Luxembourg Monaco et Maghreb), la filiale française d’ACS se hisse aujourd’hui à la quatrième place de l’ensemble des 20 représentations mondiales du groupe et la première en Europe continentale.
« Nous avons une base de clients très divers » explique Benjamin Sinclair qui rappelle que les activités d’ACS se repartissent selon trois départements respectivement tournés vers l’aviation commerciale, l’aviation d’affaires et l’aviation cargo. L’affrètement d’avions commerciaux, du petit module de 19 sièges jusqu’au Boeing 747, représente aujourd’hui la principale activité d’ACS en France. « Nous avons d’ailleurs affrété un 747 pas plus tard que la semaine dernière pour un événement organisé par une société de clubbing en Europe » annonce-t-il, lui même grand passionné d’aéronautique et pilote dès l’âge de 16 ans. « On utilise aussi régulièrement cet avion pour les besoins d’un croisiériste qui effectue des relèves de passagers à Venise».
Il précise que pour cette activité, les clients sont généralement des tours opérateurs, des professionnels du voyage et des sociétés qui ont des besoins en logistique de personnels. « Par exemple en Afrique, pour l’industrie minière et pétrolière, nous organisons des vols car il n’y a pas nécessairement de vols réguliers, et, s’ils existent, parce ce qu’ils ne sont pas opérés dans les conditions de sécurité souhaitées. » Ces contrats récurrents peuvent représenter jusqu’à trois vols par semaine vers l’Afrique nous confie Benjamin Sinclair. « Le gros atout c’est que l’on met en place ce type de services avec les standards européens ».
Pour l’aviation d’affaires, le Directeur Général d’ACS France indique que cette activité est plus classique avec des affrètements allant du Mustang jusqu’à l’ACJ d’Airbus en passant par les hélicoptères. Quant aux vols cargo, c’est aussi une grande spécialité d’ACS qui peut utiliser des appareils allant jusqu’aux quadriréacteurs géants Antonov 124 pour des marchandises hors gabarit. Ce fut d’ailleurs le cas avec le transport d’un mock-up de jet d’affaires entre Vatry et Las Vegas pour le compte d’un grand avionneur français participant à la convention de la NBAA. « Quand on pose un An-124 à Las Vegas, ça attire du monde ! » se félicite Benjamin Sinclair.
Il précise aussi que pour le cargo, les clients sont généralement des transitaires de fret ou des expéditeurs de marchandises, ajoutant qu’ACS dispose des agréments nécessaires au transport de marchandises dangereuses et notamment pour des départs depuis la plateforme de Châteauroux. Il se souvient aussi d’un cas exceptionnel où il a fallu transporter une pièce de toute urgence au Brésil pour remettre en service une chaîne de montage automobile. « Comme la pièce n’était pas de grande taille et n’était pas dangereuse, nous avons affrété un Gulfstream G550 et notre accompagnateur a pu profiter d’un moment agréable à bord d’un avion luxueux » plaisante Benjamin Sinclair.
Le Directeur Général d’ACS France nous a aussi exposé sa vision du marché français, notamment en termes de disponibilité de flotte. Il rappelle que le transport aérien hexagonal est marqué par une très forte saisonnalité. « De début mai à fin septembre, les avions volent dans tous les sens, mais par contre l’hiver c’est l’inverse. Une partie de notre travail consiste d’ailleurs aussi à placer des avions au Canada ou en Asie dans le cadre de contrat ACMI » observe Benjamin Sinclair. Il reconnait également que l’un des principaux problèmes des opérateurs français est leur manque de compétitivité par rapport à d’autres pays européens.
« Il suffit de regarder le Terminal 3 à Roissy ou les compagnies qui se posent au Bourget, il y a beaucoup d’avions immatriculés en Europe de l’Est, en Autriche ou au Portugal et qui sont basés à Paris » constate-t-il, ajoutant que grâce, ou à cause de l’Europe, selon la position de chacun, le marché est complètement libéralisé. « On essaye de travailler avec les compagnies françaises, mais il y en a peu, et encore moins dans l’aviation d’affaires ». Et d’ajouter « On a par exemple encore vu la disparition récente d’Air Méditerranée et les autres ne se développent pas très vite et de toute façon pas au même rythme que dans les autres pays d’Europe, c’est vraiment dommage ».