Sans surprise, les résultats d’Air France-KLM pour 2020 « donnent un peu le tournis », selon les mots de Frédéric Gagey, son directeur financier. La crise a en effet eu « un impact sans précédent » sur le groupe, dont le chiffre d’affaires a subi une chute de 59% à 11,1 milliards d’euros. Malgré les mesures de contrôle des coûts, la perte nette s’envole pour atteindre 7,1 milliards d’euros.
Alors que l’activité a été mise à mal par la crise liée à la pandémie, les résultats du groupe illustrent également l’impact des mesures de réductions des coûts et de restructuration qui ont dû être prises. Des provisions de 822 millions d’euros ont été enregistrées, liées aux plans de départs volontaires engagés chez Air France comme chez KLM, ainsi que 672 millions d’euros liés à la dépréciation des flottes (sortie anticipée des quadriréacteurs notamment). Par ailleurs, le poste carburant a fortement pâti de la politique de « hedging » cette année, les prix s’étant eux aussi effondrés, entraînant une charge de sur-couverture carburant de 595 millions d’euros.
Seul le cargo a tiré son épingle du jeu. Avec des capacités en baisse de 31% et un trafic en baisse de 19%, la division cargo a réussi à augmenter son chiffre d’affaires de 19% (à 2,6 milliards d’euros) grâce à la pénurie de capacités globale. Cette situation devrait se poursuivre au premier trimestre 2021, offrant de belles opportunités au groupe qui a su augmenter progressivement ses capacités depuis le troisième trimestre 2020 en recourant à ses avions passagers.
Le groupe a longuement fait le point sur ses effectifs, indiquant qu’ils avaient été réduits de 10% en un an avec le départ de 5 000 personnes chez KLM et 3 600 chez Air France. Le plan ayant été déclenché plus tôt dans la compagnie néerlandaise, il est davantage avancé que celui d’Air France mais 900 personnes doivent encore quitter la société. Chez Air France, 4 900 départs sont encore prévus en 2021, la majorité au deuxième trimestre.
Les investissements ont été divisés quasiment de moitié en 2020, atteignant 1,9 milliard d’euros au lieu des 3,6 milliards prévus avant-crise. Le niveau devrait rester stable en 2021. Le groupe continuera de réceptionner des appareils : cinq ou six A350 rejoindront la flotte d’Air France cette année et le mois de septembre verra toujours la livraison des premiers A220, tandis que KLM devrait intégrer deux 777-300Er, quelques 787 (le nombre est incertain en raison des problèmes de qualité qui ont ralenti la production chez Boeing) et sept E195-E2.
2021 ne s’annonce tout de même pas comme une année facile. Air France-KLM manque de visibilité pour établir des prévisions au-delà du premier trimestre, pour lesquelles elles ne sont pas encourageantes – renforcement des restrictions de voyage avec l’apparition des variants et capacité réduite de 40% par rapport au premier trimestre 2019. Mais il s’attend tout de même à un début de reprise du trafic au deuxième trimestre et surtout au troisième trimestre.
De même, grâce aux aides gouvernementales dont il profité, le groupe a commencé l’année avec un coussin confortable de près de 10 milliards d’euros de liquidités – mais une dette presque doublée. C’est pourquoi il est en négociations avec les Etats et la Commission européenne pour transformer une partie des prêts en fonds propres. La Commission est prête à approuver un tel montage si le groupe cède des créneaux à Orly et Amsterdam, ce qui est actuellement en discussion.