Généralement le plus difficile pour les compagnies aériennes, le premier trimestre 2016 a rompu la tradition et vu une belle progression des résultats des trois grands groupes européens, notamment une forte croissance des résultats nets. Concernant Air France-KLM, le groupe a réussi à reprendre du terrain et se rapproche de ses concurrents.
Le groupe français a en effet publié un chiffre d’affaires stable à 5,6 milliards d’euros (en baisse de 1,3% hors change). Les résultats d’exploitation et nets se sont en revanche grandement améliorés, même s’ils restent en perte de 99 et 155 millions d’euros respectivement, progressant chacun d’environ 404 millions d’euros par rapport au premier trimestre 2015.
Le bilan trimestriel de Lufthansa suit les mêmes tendances. Le chiffre d’affaires est quasiment stable à 6,9 milliards d’euros et la perte opérationnelle s’est réduite de 114 millions d’euros à 53 millions d’euros grâce à la baisse de la facture carburant et une réduction de 4% des coûts unitaires hors change et hors carburant. Quant au résultat net, il est négatif de 8 millions d’euros, contre un résultat positif de 425 millions d’euros en 2015 mais sous l’effet de la conversion de bonds JetBlue (pour 503 millions d’euros). Lufthansa et Austrian sont les moteurs de cette amélioration, Swiss souffrant de la force du franc suisse et Eurowings de surcoûts liés à son démarrage.
IAG a quant à lui enregistré un excellent résultat. Son chiffre d’affaires a progressé de 7,9% à 5 milliards d’euros, son résultat opérationnel a été multiplié par six pour atteindre 155 millions d’euros (sans prendre en compte Aer Lingus dans les comptes 2016) et son résultat net est passé d’un déficit de 25 millions d’euros à un bénéfice de 104 millions d’euros. Le groupe explique que sa productivité s’est améliorée de 5,9% et qu’il a bénéficié de la baisse du prix du carburant.
La progression du bilan financier n’est pas le seul point commun entre les trois groupes. Tous soulignent également qu’ils continuent de souffrir d’une baisse de leur recette unitaire, engendrée par une forte pression sur les tarifs des billets et la surcapacité sur certains marchés notamment vers l’Asie – l’Amérique du Nord résiste mieux, ce qui explique les performances d’IAG dont l’exposition au marché asiatique est bien moindre que ces concurrents. Celle d’Air France-KLM perd 1,3% dans l’activité passage, 10,8% dans le cargo et 0,7% chez Transavia. La recette unitaire globale de Lufthansa accuse quant à elle une baisse de 7,5% et celle d’IAG de 3,5%.
Si les trois groupes maintiennent les objectifs qu’ils se sont fixés au début de l’année, tous s’accordent à dire que le contexte reste incertain. Un environnement géopolitique de plus en plus complexe vient compliquer une situation économique marquée par la volatilité du prix du carburant et des taux de change et la surcapacité, faisant peser toujours plus de pression sur les recettes unitaires, notamment dans le cargo, dont l’effondrement ne semble jamais vouloir s’arrêter. La prudence va donc être de mise dans les prochains mois : à la suite des attentats de Bruxelles, IAG a planifié une réduction de la croissance de ses capacités à court terme, tandis que Lufthansa a annoncé qu’il les limiterait à 6% pour 2016.