La crise sanitaire et ses conséquences ont poussé Breeze Aviation Group à revoir ses plans. La nouvelle compagnie aérienne de David Neeleman va ainsi repousser de plusieurs mois le lancement de ses vols réguliers, va se tourner vers NAC pour acquérir les Embraer qui composeront sa flotte initiale et cherche à s’appuyer sur Compass Airlines pour obtenir les autorisations nécessaires au démarrage de ses activités.
En effet, l’arrêt des opérations de la compagnie régionale américaine a offert une belle opportunité au groupe Breeze d’accélérer son propre démarrage. L’activité de Breeze sera en effet similaire sur plusieurs points à celle de Compass, comme l’exploitation de lignes intérieures aux Etats-Unis et l’utilisation d’une flotte d’E-Jets. Un accord d’achat d’actifs a donc été conclu avec Compass le 6 juillet, qui prévoit notamment le transfert de son certificat opérationnel. Le transfert doit être validé par les autorités américaines, d’où le dépôt d’une demande d’autorisation au ministère des Transports (DoT) le 9 juillet.
Dans cette demande, Breeze a amendé d’autres points du projet qu’elle avait présenté au mois de février. La crise Covid n’a pas uniquement précipité la chute de Compass mais a bouleversé l’environnement dans lequel elle va se lancer. Conformément à ses projets initiaux, elle envisage d’entrer en service en proposant initialement des opérations charter. Cependant, celles-ci ne devraient plus durer trois mais six mois, à partir du 15 octobre 2020 et depuis l’aéroport de Minneapolis, siège de Compass. Elle prévoit ainsi le lancement de ses vols réguliers non plus l’hiver prochain mais au mois de mai 2021. Au fur et à mesure du développement de l’activité régulière, le charter doit être réduit mais il restera un pan complémentaire des opérations.
Le report de ce lancement a poussé la compagnie à négocier avec Airbus la possibilité de repousser de six mois la livraison de son premier A220-300. Il sera désormais livré au mois d’août 2021, suivi d’un autre exemplaire en septembre, le reste de la commande pour soixante appareils devant être remis au rythme d’un A220 par mois à partir de janvier 2022. La moitié des dix-huit premiers avions sera couverte par un accord de crédit-bail avec GECAS.
Le mode d’acquisition de la flotte d’ERJ a également changé. En janvier, Breeze avait conclu un accord avec Azul – autre création de David Neeleman – pour sous-louer jusqu’à 28 E195. Maintenant que la moitié de la flotte mondiale est clouée au sol, la disponibilité des avions en leasing est importante et les contrats très avantageux, en tout cas « bien plus avantageux » que celui qui était en préparation avec Azul. Breeze a ainsi conclu un accord avec NAC pour acquérir une quinzaine d’E190. Le premier sera livré au mois d’août et les livraisons se dérouleront sur huit mois.
Les Embraer ont vocation à rester en flotte. La compagnie estime en effet qu’ils sont parfaits pour prendre en charge les liaisons courtes et où la demande est faible, ce qui est le coeur de son business plan – apporter de la connectivité aux communautés mal desservies, situées dans des « régions survolées ». Ils desserviront initialement quinze villes sur la côte atlantique, le sud des Etats-Unis, le Texas et le Midwest. Les A220 viendront les remplacer sur les routes où la demande est plus importante ou qui nécessitent un plus long rayon d’action et devraient permettre de lancer dès l’automne 2021 des vols entre la côte atlantique et la Californie.