Etihad était en train de sortir de ses propres difficultés et d’une vaste restructuration lorsque s’est propagée la pandémie de covid-19. Bien qu’elle ait déjà pris des mesures pour assainir ses activités, la compagnie a dû se résoudre à trouver d’autres leviers sur lesquels agir pour faire face à la crise sanitaire.
Comme ses concurrentes, la compagnie a beaucoup misé sur le cargo. Tony Douglas, son directeur général, explique qu’Etihad a transporté un million de passagers au premier semestre 2021, ce qui, au vu de la flotte déployée, représentait un coefficient de remplissage de 25%. Mais grâce à la demande très soutenue pour le transport de fret (+44% en volume, +56% en chiffre d’affaires), elle n’a pas été contrainte de réduire le nombre d’avions opérationnels sur la période. Cela a même servi sa cause dans l’activité passage ces dernières semaines puisque le mois de juillet a été le meilleur dans ce domaine depuis un an et demi (avec un coefficient de remplissage moyen de 40%).
Par ailleurs, Tony Douglas indique qu’Etihad a très tôt estimé qu’il resterait « toujours une peur résiduelle » des voyageurs et qu’il faudrait les rassurer pour les inciter à monter dans ses avions. C’est pourquoi la compagnie a lancé le programme Etihad Wellness, qui doit apporter une garantie au passager qu’il voyage dans un environnement 0 covid (100% de tests négatifs avant l’embarquement, renforcement des mesures de nettoyage, vaccination obligatoire du personnel navigant…).
Mais surtout, la profondeur de la crise est telle que, selon le directeur général d’Etihad, « elle va forcer beaucoup d’acteurs à repenser leur modèle économique ». La compagnie d’Abou Dhabi a de son côté développé son agilité afin d’être capable de s’adapter au plus vite aux changements dans les restrictions de voyage. C’est ainsi qu’elle a lancé des liaisons saisonnières vers des destinations qui génèrent moins de trafic que celles auxquelles elle est habituée. Tony Douglas cite par exemple Santorin, Mikonos et Malaga, qui ont été temporairement intégrés au réseau lorsque les restrictions se sont allégées vers la Grèce et l’Espagne.
L’un des autres moyens qu’elle a trouvé est de permettre à ses clients de faire des réservations de groupe, pour lesquelles elle peut se charger non seulement des vols mais aussi de l’organisation des transferts, de la réservation de l’hôtel, voire de l’obtention d’un visa le cas échéant… un petit peu à la manière d’un tour-opérateur. « Nous n’y aurions jamais pensé avant la pandémie », souligne Tony Douglas, qui ajoute que le partenariat avec Air Arabia à Abou Dhabi participe à cette stratégie.
Il affirme cependant que le modèle d’Etihad ne va pas être révolutionné : les grandes routes continueront d’être majoritaires dans son réseau et Tony Douglas est confiant que les Emirats arabes unis garderont leur positionnement de hub car ils se situent à six heures de vol des deux tiers de la population mondiale. « Nous allons conserver notre modèle mais cette agilité que nous avons développée avec la crise va persister aussi. »